C’est une petite révolution qui risque pourtant de passer inaperçue, plus importante encore que le départ de Yann Barthès : la fin de l’auto-distribution pour les chaînes du satellite et les bouquets bouscule le modèle économique de Canal.
La fin du satellite
En effet, aujourd’hui, si un client contracte un abonnement à un bouquet CanalSat via son FAI, c’est encore Canal+ qui est son intermédiaire direct à la fois pour le service après-vente mais également pour la gestion de son compte. Ce qui, actuellement, défavorise les fournisseurs d’accès qui n’ont accès à aucune donnée concernant les clients CanalSat et obtiennent de manière très marginale une commission sur les abonnements. Bien que les chaînes soient distribuées par leur intermédiaire. Une situation que le groupe s’apprête à enterrer, en vendant notamment directement ses bouquets aux FAI.
Ce fonctionnement était directement hérité de l’époque du satellite, désormais révolue. Aujourd’hui, l’essentiel des clients des bouquets les reçoivent à travers leur offre ADSL ou fibre, et ont abandonné le satellite, alors que la construction de l’offre CanalSat n’avait pas changé depuis cette mutation technologique.
Ainsi les chaînes seront désormais vendues en gros aux opérateurs. Les discussions auraient abouti avec Orange et Free, par exemple. Orange devrait présenter début octobre les détails de son offre héritée des chaînes CanalSat, il devrait s’agir d’une trentaine de chaînes pour une dizaine d’euros selon Les Echos.
Canal ne sera donc plus le principal régulateur de ses offres de bouquets qui seront alors composées et distribuées par les FAI.
Canal+ contre Netflix
Sur le bouquet Canal+, jugé premium, la situation restera inchangée. Canal restera son propre distributeur dès lors qu’un abonnement à la chaîne premium sera contracté. Néanmoins, chez Canal+ aussi, certaines petites révolutions se préparent. Ainsi, la filiale de Vivendi voudrait symboliquement mettre fin à l’offre unique à 40 € par mois. En proposant par exemple des abonnements plus modulables, avec un accès à une seule des chaînes Canal+ afin, évidemment, de baisser les prix des abonnements.
La situation reviendrait ainsi à ce qu’elle était avant la création en 2004 de la formule pack, et le client pourrait ainsi s’offrir un accès à une seule des 5 chaînes Canal+. Face à la flexibilité offerte par beIN et Netflix, Canal+ envisagerait également des formules sans abonnement.
Enfin, pour redonner de la valeur à ses déclinaisons, Canal+ serait déjà en train de négocier avec la Ligue de Football Professionnelle la retransmission des matchs sur Canal+ Sport plutôt que sur la chaîne principale. Afin de dessiner progressivement 5 chaînes aux valeurs et arguments différents qui, à terme, pourront être proposées à l’abonnement individuellement.
Face à la flexibilité offerte par beIN et Netflix, Canal+ envisagerait également des formules sans abonnement
Rappelons que le contexte de la télévision payante en France est une figure exceptionnelle au niveau européen : moins de 25 % des téléspectateurs français ont recours à un abonnement payant, quand ils sont plus de 60 % par exemple au Royaume-Uni. Les succès modestes de Netflix et CanalPlay n’ont pas radicalement changé cette situation, dans laquelle à peine deux français sur six sont abonnés à un service de SVoD.
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