Dans une interview accordée au Japon, Tim Cook explique qu’Apple espère contribuer le plus vite possible à faire disparaître les paiements en espèces, au profit des monnaies entièrement dématérialisées.

C’est de toute façon le chemin que l’on prend depuis de nombreuses décennies avec, d’abord les chèques et les virements, puis surtout les paiements par carte bancaire. Viendra un moment où l’on l’argent liquide semblera être un marqueur d’un passé moyenâgeux, dans lequel les individus se promenaient encore avec des bouts de métal et des morceaux de papier qu’ils troquaient contre des biens ou des services. Et parmi ceux qui veulent mettre fin aux pièces sonnantes et trébuchantes figure Apple.

« Nous aimerions être un catalyseur pour faire sortir le cash du système », a ainsi expliqué Tim Cook lors d’une interview au Nikkei, à l’occasion d’une visite au Japon. Le patron d’Apple pense que les consommateurs y sont prêts, et qu’ils sont même demandeurs. « Nous ne pensons pas que le consommateur apprécie particulièrement le cash », déclare-t-il.

Tim Cook.

Tim Cook.

Cette déclaration intervient au moment où Apple s’apprête à lancer au Japon sa première solution Apple Pay compatible avec FeliCa, un protocole de paiement sans contact par RFID inventé par Sony et très populaire au Japon. Près de 2 millions de terminaux de paiement supportent déjà ce protocole, qui permet aux Japonais de stocker non seulement leurs cartes de paiement de façon virtuelle dans leur téléphone mobile, mais aussi leurs cartes de transport public.+

Le cash a beaucoup d’inconvénients mais il a tout de même quelques atouts

Disponible en France depuis l’été dernier, Apple Pay repose sur les protocoles de paiement sans contact pour permettre aux utilisateurs de dématérialiser leurs cartes de paiement, en les stockant virtuellement dans leur iPhone. Le service fonctionne en partenariat avec les banques et émetteurs de titres (actuellement Banque Populaire, Caisses d’Épargne, Carrefour Banque, Tickets Restaurants), chez les marchands partenaires qui acceptent Apple Pay (Carrefour, Flunch, Eram, Fnac, Total, Sephora, Simply Market…). « Lorsque vous effectuez un achat, Apple Pay utilise un numéro propre à votre appareil, ainsi qu’un code de transaction unique. Vos numéros de carte ne sont jamais stockés sur votre appareil, et lorsque vous effectuez vos achats, ils ne sont jamais transmis par Apple aux marchands », promet Apple. C’est l’empreinte digitale qui permet d’activer la transaction, via le Touch ID.

En pratique, le cash a beaucoup d’inconvénients (il peut être perdu, volé, encombrant à transporter…) mais il a tout de même quelques atouts qui méritent d’être défendus. Les transactions de la main à la main sont généralement anonymes (donnez-vous votre nom à la boulangère ?), et elles sont « gratuites ». Avec la généralisation du paiement électronique, toutes les transactions sont inscrites dans un journal qui permet de savoir où, quand et par qui un achat a été fait, et tous échanges monétaires donnent lieu à des prélèvements de commissions.

Si les entreprises de l’industrie du paiement ont un intérêt évident à promouvoir la monnaie électronique de laquelle ils tirent une forme d’impôt privé, pour les États la traçabilité parfaite des transactions est bien sûr une garantie contre la fraude fiscale et sociale, qui justifie de lutter contre l’anonymat. En France comme partout ailleurs dans le monde, le plafond des paiements autorisés en espèces est régulièrement abaissé. Il est actuellement de 1 000 euros pour les particuliers, alors qu’il était encore à 3 000 euros avant septembre 2015. Le jour où les espèces auront totalement disparu, il sera aussi plus difficile d’acheter et vendre des armes, de la drogue ou d’autres produits illégaux.

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