Quatre Montpelliérains âgés de 25 à 35 ans viennent d’être mis en examen par un juge d’instruction parisien pour avoir piraté le nouveau monument national de la cinématographie, titulaire du record historique du nombre d’entrées en salle, « Bienvenue chez les Ch’tis« . Ils ont été dénoncés par l’ALPA, l’Association de Lutte contre la Piraterie Audiovisuelle. Les quatre complices, qui risquent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 500.000 euros d’amende, avaient filmé le long métrage de Dany Boon en salle et avaient vendu plusieurs milliers d’exemplaires du DVD pirate. Nous sommes loin du téléchargeur du dimanche.
« Ces étudiants sans histoires sont des adeptes du camcording, une technique qui commence à se développer en France« , explique à France Soir un policier. « Ces quatre Montpelliérains n’ont pas hésité à diffuser le film le jour même de l’annonce officielle de sa commercialisation« . Deux sites, aujourd’hui fermés, permettaient d’acheter le DVD contrefait pour… 22 euros. Pas vraiment une affaire.
L’enquête était menée depuis mai dernier par la brigade centrale de répression des contrefaçons industrielles et artistiques, assistée par le service régional de police judiciaire (SRPJ) de Montpellier. Des complicités ont été trouvées en Belgique et en Suisse.
Etant donné l’immense succès populaire des Ch’tis, la justice devrait se montrer particulièrement sévère lors du procès qui s’ouvrira en 2009 contre les quatre pirates. Les montants de l’amende et des dommages et intérêts pourraient être très élevés, car même si le film a dépassé les 12 millions d’entrées en France, l’essentiel des revenus de la filière cinématographique sont réalisés lors des exploitations ultérieures : ventes et locations de DVD, VOD et diffusions TV.
Il faut faire une différence fondamentale entre les utilisateurs de réseaux P2P qui téléchargent et partagent gratuitement des films pour se faire plaisir, et les pirates professionnels qui font du piratage une entreprise clandestine lucrative montée sur le dos des producteurs, des réalisateurs et de toute la filière cinématographique. Dans le premier cas il n’y a pas de volonté de nuire, et il « suffit » d’inventer un nouveau modèle économique et de s’adapter à la demande. Dans le second, en revanche, c’est contre de véritables réseaux organisés d’économie parallèle qu’il faut se battre, sans pitié.
En ce sens, il est regrettable que le gouvernement, par la loi DADVSI et par le projet de loi Hadopi, cherche uniquement à se battre contre les premiers, plutôt qu’à tout faire pour etouffer les seconds.
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