On ne fait pas beaucoup plus expert en la matière que William Patry. Passionné par le droit d’auteur, cet avocat de 58 ans a été conseiller à la Chambre des Représentants dans les années 1990, professeur de Droit, et auteur d’une bible en 7 volumes sur le copyright, reconnue par les experts du monde entier. Désormais conseiller auprès de Google, William Patry était aussi l’un des plus éminents bloggeurs sur les questions de droit d’auteur, et l’un des plus passionnés. En quatre années, Patry a posté plus de 800 entrées sur le sujet. Mais il vient de raccrocher les crampons.
Au delà de l’anecdote, ce sont les raisons qu’il avance pour la fermeture de son blog qu’il faut lire, une dernière fois :
« Je me considère comme quelqu’un de centriste. Je crois très fort qu’à des doses correctes le droit d’auteur est essentiel à certaines classes d’œuvres, particulièrement aux films de cinéma, aux enregistrements sonores commerciaux, et aux livres commerciaux, qui sont les industries au coeur du droit d’auteur. J’accepte que le niveau des doses correctes varie d’une personne à l’autre, et que la dose que je recommande soit plus faible (ou plus élevée) que d’autres. Mais de mon point de vue, et celui de mon très cher frère Sir Hugh Laddie, c’est que nous sommes bien au delà de la dose sanitaire, et dans le niveau de maladie sérieuse. Tout comme l’économie américaine,les choses empirent, elles ne s’améliorent pas. La loi sur le droit d’auteur a abandonné sa raison d’être : encourager l’apprentissage et la création de nouvelles œuvres. A la place, ses fonctions principales sont maintenant de préserver les business models existants qui ont échoué, de supprimer de nouveaux business models et de nouvelles technologies, et d’obtenir, si possible, d’énormes effets d’aubaine d’activités qui non seulement ne causent aucun dommage, mais qui sont en plus bénéfiques aux titulaires de droits. Le droit d’auteur comme nous le connaissions ne pourra jamais être rétabli : des accords multilatéraux et des accords de commerce international s’en sont assurés, et délibérément » (sur ce dernier point, voir notre article sur la ratification par la France du traité OMPI de 1996).
L’auteur explique ensuite à quel point se battre constamment contre les lobbys du droit d’auteur est épuisant, voire déprimant. Parfois, jusqu’à l’extrême. Il évoque ainsi la mémoire de Bill Evans, qui avait pris les choses « trop à coeur ». Evans s’était battu contre la campagne de répression lancée par la RIAA et, démuni à force d’y passer tout son temps, il avait dû vendre son nom de domaine Boycott-RIAA.com avant de se donner la mort, fin 2007.
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