Lorsque Bill Gates a créé son système d’exploitation MS-DOS, le fondateur de Microsoft a eu un coup de génie commercial. Il s’est très vite rendu compte que ce qui aurait de la valeur sur le marché de l’informatique était le logiciel plus que le matériel, et que la mère de tous les logiciels, le système d’exploitation, serait celui qui aurait le plus de valeur commerciale. Avec les versions successives de Windows, la firme s’est employée à faciliter le plus possible la vie des développeurs pour qu’ils créent un maximum de logiciels pour Windows, grâce aux nombreuses DLL et autres librairies DirectX, notamment.
Plus il y aurait de logiciels pour Windows, plus le fait de posséder Windows sur son ordinateur deviendrait indispensable. Chaque application pour Windows crée de la valeur pour Windows. Microsoft a donc laissé les développeurs libres de distribuer leurs logiciels comme ils l’entendaient, et d’utiliser n’importe quel outil de développement, pourvu que leur logiciel soit compilé pour tourner sous Windows. Avec cette stratégie, la firme de Redmond a conquis 95 % du marché des systèmes d’exploitation, et collecté des milliards de dollars de licences imposées avec chaque ordinateur vendu.
Mais voilà, Internet est passé par là. Le succès populaire des netbooks sous Linux le démontre, aujourd’hui la valeur qui résidait dans le système d’exploitation est en train de se déplacer vers les applications en ligne. Plus besoin d’un système d’exploitation compatible pour lire ses e-mails, regarder des vidéos sur Youtube ou créer ses tableaux sur Google Spreadsheet. Il suffit d’un navigateur Internet – qui repose sur des standards libres et gratuits. Tous les fondements économiques de Windows sont en train de s’écrouler. Avec Chrome, Google ne fait que porter un coup supplémentaire.
Quand Apple entraîne ses concurrents vers des modèles fermés
Mais le modèle Windows n’est pas mort pour autant. Il est en train de faire un retour en force sur les mobiles, entraîné dans un schéma plus extrême encore par Apple et son iPhone. Non seulement la firme de Cupertino garde jalousement son système d’exploitation pour ses seuls appareils commercialisés sous sa propre marque (ce que Microsoft n’a jamais fait, choisissant plutôt de rendre Windows compatible avec le maximum d’ordinateurs possibles construits par des tiers), mais en plus Apple impose aux développeurs et aux utilisateurs de passer exclusivement par l’App Store pour distribuer et télécharger des applications compatibles. Tout est fermé à double tour pour tirer bénéfice à tous les niveaux et empêcher la concurrence d’entrer sur le marché. A court terme, c’est une stratégie gagnante.
Apple a déjà vendu pour plus de 30 millions de dollars de logiciels sur son App Store, et l’iPhone s’arrache comme des petits pains. Orange est en rupture de stock en France, et la firme de Cupertino aurait déjà écoulé plus de 8 millions d’exemplaire de son téléphone mobile dans le monde.
Microsoft, pourtant conspué depuis toujours par la communauté du logiciel libre, paraît tout d’un coup beaucoup plus ouvert à côté d’Apple. Reprenant la stratégie qui avait marché sur les PC, la firme de Redmond avait jusqu’à présent choisi de laisser libre la distribution des applications mobiles, et de miser sur l’adoption massive de son système d’exploitation Windows Mobile sur tous les téléphones et autres gadgets mobiles. C’est fini. Dépassé par la stratégie agressive de son concurrent, Microsoft a annoncé qu’il allait lancer avec Windows Mobile 7 une plateforme de distribution, sans doute exclusive ou fortement incitative, le « Skymarket« . Il ne sera peut-être possible à l’avenir de trouver des applications pour Windows Mobile qu’en passant par la plateforme officielle de Microsoft. Une révolution.
Idem chez Google. Alors que la firme de Mountain View a vanté les mérites de l’ouverture de sa plateforme Android, elle a révélé qu’en fait tous les téléphones Android seront livrés avec l’Android Market, une sorte d’App Store googlien qui reprendra les mécanismes de YouTube (liberté d’ajouter des logiciels sans contrôle a priori), mais qui pourrait aussi être le seul biais de téléchargement d’applications pour les utilisateurs du mobile.
Ajoutons à cela qu’avec le développement du streaming, des applications bureautiques en ligne, des sites de partage de photos et de documents, ou des services d’e-mail en ligne, les ordinateurs de poche ressemblent bien davantage à des terminaux accédant à des services et des données à distance qu’à des ordinateurs autonomes. En clair, plus à des minitels qu’à des PC.
Mais toutes les cartes ne sont pas encore battues.
Nokia vient en effet de racheter le système d’exploitation mobile Symbian qui est passé intégralement en open-source, et la LiMo Foundation, qui cherche à créer un système d’exploitation mobile libre et ouvert basé sur Linux, gagne en puissance avec un nombre croissant de partenaires (Panasonic, NEC, Motorola, Orange, Samsung, Vodafone…).
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