Ca a failli passer inaperçu mais la sagacité de nos lecteurs est infaillible. Dans son communiqué publié mercredi soir pour assurer son intention de maintenir le cap de la riposte graduée, la ministre de la Culture a affirmé que « les déclarations de Guy Bono (le député qui a fait voter l’amendement anti-riposte graduée, ndlr) dissimulent un combat d’arrière-garde, livré au détriment des artistes et des industries culturelles qui représentent près de 500 000 emplois dans notre pays« .
Personne n’a relevé cette affirmation qui, l’air de rien, fait passer l’eurodéputé socialiste pour un opposant à l’emploi, un ennemi de l’ouvrier de la culture, bref, pour tout sauf un homme de gauche. Personne, sauf un lecteur de Numerama, « Mr Faxanfigueurs », qui nous interroge sur la réalité des chiffres.
En effet, sur le site-même du ministère de la Culture figure un rapport de janvier 2006 (.pdf) du DEPS, le Département des études, de la prospective et des statistiques, qui présente « un aperçu statistique des industries culturelles« . Il conclut que le total des emplois Equivalent temps plein des industries culturelles se chiffre à moins de 157.000 emplois, en incluant même l’édition papier (7.000 emplois), la publicité (100.000), et les agences de presse (6.600). « Ce qui nous laisse 65.000 emplois pour l’audiovisuel et 5.500 pour l’édition phonographique, donc 70.000 emplois à tout casser qui seraient (en théorie du moins) menacés par le piratage« , déduit notre lecteur.
« Même en ajoutant l’intégralité des comédiens et des musiciens, on arrive péniblement à 120.000 ou 130.000 emplois plus ou moins concernés par le piratage« .
Pour arriver au chiffre de 500.000 emplois avancé par Christine Albanel, il faudrait estimer que l’ensemble des quelques 157.000 emplois Equivalents temps plein compatibilisés par le DEPS travaillent en fait à tiers temps, ce qui ne semble pas réaliste – ou alors la profession est encore plus précaire qu’on ne le croit, et ça n’est pas une loi contre les internautes qui peut la sauver.
Interrogé par Numerama pour connaître avec précision le détail de la répartition des emplois évoqués par Mme Albanel, le cabinet du ministère de la Culture nous a d’abord indiqué qu’il s’agissait très précisément de « 488.000 emplois culturels en France en 2005 (musique, cinéma, audiovisuel, spectacle vivant, etc.)« . Rien d’autre.
Insatisfaits du manque de détails de la réponse, nous avons sollicité une deuxième fois le ministère en lui présentant cette fois-ci les chiffres qu’avaient avancés le DEPS en 2006 et en demandant pourquoi une telle différence. Pour le moment, près de quatre heures plus tard, silence radio.
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