Mise à jour : ITunes ne fermera pas aujourd’hui. Le CRB a maintenu les redevances au même niveau, ce qui satisfait les demandes d’Apple.
Le Copyright Royalty Board (CRB), la commission qui fixe les montants des droits d’auteur à reverser aux Etats-Unis, doit rendre ce jeudi une décision attendue depuis un an et demi, qui pourrait avoir des répercussions fâcheuses sur l’avenir de la musique en ligne légale. Il doit en effet décider de l’éventuelle augmentation des droits reversés aux éditeurs de musique, au titre de l’exploitation des œuvres musicales. Apple a prévenu que si l’industrie du disque obtenait gain de cause, il pourrait fermer sa boutique de musique sur iTunes dans la foulée.
Les éditeurs de musique, qui sont dans la plupart des cas les maisons de disques elles-mêmes, demandent au CRB de faire passer leur taux de rémunération forfaitaire sur les téléchargements de chansons de 9,1 cents par titre à 15 cents, soit une augmentation de 66 %, tandis que les éditeurs de service de musique en ligne représentés par la DIMA (Digital Media Association) veulent diviser la redevance par deux.
« Si [iTunes] était contraint d’absorber une augmentation du taux de redevance, le résultat serait d’accroître de façon significative les risques d’opérer la boutique à perte, ce qui n’est pas une alternative envisageable« , avait prévenu Apple dans un communiqué adressé au Board l’an dernier. « Apple a répété plusieurs fois qu’il est sur ce marché pour gagner de l’argent, et qu’il ne continuerait probablement pas à opérer [iTunes] s’il n’était plus possible d’en tirer profits« . La possibilité d’augmenter le prix de vente qui est resté à 99 centimes par titre depuis 2003 malgré l’inflation n’est pas envisageable pour Apple, qui en fait un plafond psychologique à ne pas dépasser. Ce sera soit le statu quo, soit la fermeture.
Avec plus de 5 milliards de morceaux vendus jusqu’en juin 2008, Apple a déjà reversé plus de 455 millions de dollars aux éditeurs de musique, pour un bénéfice estimé à 500 millions de dollars (10 % de marge). La boutique iTunes Store devrait vendre cette année 2,5 milliards de titres, mais si l’augmentation de 6 cents par titre est confirmée, Apple devra verser 315 millions de dollars de redevance aux seuls éditeurs, ce qui diviserait par deux son bénéfice.
Même si la menace d’Apple est exagérée, elle n’est pas totalement irréaliste. Les maisons de disques ont davantage besoin d’Apple et de ses 85 % de parts de marché dans la musique numérique qu’Apple n’a besoin des maisons de disques. Si ce n’est l’effet publicitaire certain qui commence toutefois à s’estomper, iTunes n’a jamais fait vendre d’iPod, alors que l’inverse est vrai. La couverture médiatique d’iTunes a permis de populariser l’iPod, mais ce sont ceux qui ont acheté un iPod qui ont acheté ensuite des chansons sur iTunes. Apple pourrait très bien continuer à vendre des baladeurs MP3 et des téléphones mobiles sans vendre lui-même de musique, en renvoyant vers des plateformes de vente de fichiers musicaux sans DRM. Il résoudrait du même coup ses conflits norvégiens. Il y perdrait en image de marque, mais c’est le coup de poker qu’est prêt à tenter Steve Jobs pour résister aux majors.
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