Retardée de plusieurs mois, l’étude Interphone sur les effets cancérigènes de la téléphonie mobile commence à livrer ses résultats, et ils sont inquiétants. Les scientifiques ont découvert un risque plus élevé de tumeurs du cerveau chez les utilisateurs de longue date de téléphones mobiles. Le gouvernement, qui organisait vendredi matin une réunion de travail sur les dangers des antennes-relais, a demandé d’améliorer le code de bonne conduite des installations.

Il n’y aura pas de remise en cause profonde des méthodes d’installation des antennes-relais de téléphonie mobile, mais une simple révision du code de bonne conduite adopté en 2004. Après la condamnation en justice de Bouygues Telecom, le secrétaire d’Etat au Développement de l’économie numérique Eric Besson a reçu vendredi les représentants du ministère de la Santé, du secrétariat d’Etat à l’Aménagement du territoire, du ministère de l’Economie, de l’association des maires de France, et les trois opérateurs mobiles Orange, SFR et Bouygues Telecom.

Comme nous le notions au début du mois, les associations de riverains ou l’association Robin Des Toits qui milite pour une remise en cause profonde des procédure d’installation des antennes-relais n’étaient pas conviés à la réunion de travail pour exposer leurs arguments et leurs revendications. Les discussions se sont donc tenues à la marge, le ministère de la Santé rappelant que pour le moment aucune étude scientifique validée par ses services n’a démontré de lien de causalité entre la téléphonie mobile et des troubles sanitaires.

Interrogé sur France 2, Eric Besson a indiqué que le guide des bonnes pratiques d’installations des antennes-relais adopté en 2004 par l’Association des maires de France (AMF) et les opérateurs de téléphonie mobile serait sans doute « amélioré », sans préciser dans quel sens.

« On peut sans doute l’améliorer en le comparant à ce qui se fait de mieux à l’étranger, notamment chez nos partenaires européens les plus en pointe sur le sujet« , a indiqué le secrétaire d’Etat. Peu contraignant, le guide de 2004 se contente d’organiser une information plus transparente des habitants des communes où sont installées les antennes et les modalités de dialogue et de concertation entre les maires et les opérateurs. Il organise également une publicité des niveaux d’exposition aux champs électromagnétiques, et un aménagement de l’emplacement des antennes qui respecte davantage le paysage.

La téléphonie mobile peut-être cancérigène

Cette décision pour le moment floue d’améliorer le guide des bonnes pratiques intervient au moment où sont communiqués les premiers résultats de l’étude Interphone coordonnée par le Centre International de Recherche contre le Cancer (dépendant de l’OMS). Lancée en 1999 avec la participation de 13 pays, l’étude conclut que les risques de développer une tumeur maligne sont « accrus de manière significative » chez les personnes qui utilisent un mobile depuis au moins dix ans.

Bien que la preuve de l’effet du téléphone mobile ne soit toujours pas apportée, la suspicion est forte. L’étude a trouvé que le cas le plus suspect de tumeur peut-être provoquée par les ondes électromagnétiques était celui du gliome, un cancer rare qui touche les cellules gliales du cerveau, qui entourent les neurones. Le risque serait en effet plus élevé chez les personnes utilisant un portable depuis plus de dix ans, avec des taux de 60 % dans les pays scandinaves, de près de 100 % en France et de 120 % en Allemagne.

« Sous-estimer le risque serait un désastre complet« , s’alarme la directrice de l’étude Elisabeth Cardis, tandis que l’industrie des télécoms assure qu’il n’y a pas de risque dans le cadre d’une utilisation « raisonnable » du mobile.

Retardée de quelques mois, l’étude Interphone complète ne sera communiquée que début 2009.

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