Lancé ce mardi à Paris, le Pirates Prisons Project propose aux internautes d’investir dans la création d’un programme immobilier d’un genre un peu particulier : des prisons pour les millions d’internautes coupables de s’échanger des fichiers de toute nature.

En cette période de crise, il faut savoir investir dans des valeurs sûres, qui font l’objet de la priorité du gouvernement pour la relance. Rien de tel en ce moment que la lutte contre le piratage. C’est en effet en voyant se multiplier les projets de loi contre le téléchargement et le partage de musique sur Internet que des entrepreneurs ont eu l’idée de monter le Pirates Prisons Project (PPP), qui vise à investir dans la création de centaines voire de milliers d’établissements pénitentiaires dédiés à l’incarcération des pirates. L’immobilier a toujours été une valeur refuge.

Les internautes peuvent ainsi acquérir des parts sociales de la société dont le siège a été fixé à Paris en hommage au projet de loi Création et Internet de Christine Albanel. Ils peuvent même réserver en exclusivité leur propre place VIP dans les futurs prisons qui seront construites. Et pour assurer la viabilité du business model, le site du PPP propose aux internautes de dénoncer les pirates de leur entourage. Succès garanti.

Puisque les lois font du partage d’un simple fichier PDF ou d’un poème une contrefaçon encore passible de 3 ans de prison, « notre avenir en tant qu’internautes délinquants permanents ne fait aucun doute« , assure le PPP pour justifier son modèle économique. « Tout le monde est coupable par défaut, puisque personne ne voudra se passer d’accès à internet, et que quoi qu’il en soit, tout le monde finira en prison. C’est effectivement une opportunité commerciale exceptionnelle. Tous nos enfants, parents, amis et pairs. Nous irons tous en prison !« , s’enthousiasme Dimitri Johnson, le président du PPP.

L’organisation a mis en ligne un ensemble de vidéos pour expliquer son projet et convaincre les internautes de participer. Avec un mot d’ordre en filigrane : « Pas besoin de changer l’industrie, changeons plutôt les internautes !« .

Evidemment parodique, le projet est paradoxalement né au Midem 2008, la grand messe de l’industrie du disque qui se déroule chaque année à Cannes. Il est soutenu par Hitmuse, VIPeers et Jamendo, pour dénoncer l’absurdité de la lutte contre le partage des fichiers et des œuvres, qui est une pratique intrinsèque à Internet. Et pour demander en substance la mise en place d’une licence globale et l’assouplissement des règles sur le droit d’auteur.

« Plutôt que de travailler à des solutions réalistes et commercialement réalisables de licences aux fournisseurs d’accès à Internet, aux télécoms, aux éditeurs de portails, réseaux sociaux, moteurs de recherches, diffuseurs et aux nombreuses start-up de musique numérique, les géants qui dominent l’industrie musicale continuent leur stratégie de contrôle« , dénonce plus sérieusement le PPP. La lutte contre le piratage n’est pas un combat pour les artistes, résument les fondateurs. « Soyons clair : c’est une bataille pour le contrôle du nouvel écosystème, pas une bataille pour savoir si les artistes seront payés et comment. Ca n’est pas une bataille sur le droit d’auteur, c’est une bataille sur la domination économique« .

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