Les cinq plus gros fournisseurs d’accès à Internet canadiens ont reconnu, dans une réponse au régulateur des télécoms, qu’ils bridaient l’utilisation des réseaux Peer-to-Peer su leur réseau.

La neutralité du net est morte. Au moins au Canada. A l’occasion de l’examen d’un conflit entre l’Association canadienne des fournisseurs Internet (ACFI) et le Bell Canada, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a mené une enquête élargie sur les pratiques de bridage de l’accès à Internet par les FAI du pays. Les réponses apportées par les opérateurs sont éloquentes.

Tous les principaux fournisseurs d’accès à Internet au Canada brident l’accès aux réseaux P2P, résume TorrentFreak. Bell, Cogeco, Rogers, Eastlink et Shaw ont ainsi admis dans leur réponse avoir déjà commencé, parfois depuis longtemps, à limiter la bande passante des utilisateurs de logiciels de partage de fichiers.

Bell Canada a ainsi répondu qu’il utilisait une technique d’inspection profonde des paquets (DPI) pour ralentir le trafic P2P entre 16h30 et 2h du matin. Pour limiter l’usage de la bande passante, ils prévoient à l’avenir de déconnecter leurs plus gros consommateurs, et de mettre fin aux abonnements illimités en facturant la bande passante utilisée par les clients.

Cogeco a commencé à brider le P2P dès 2001, à une époque où le Peer-to-Peer restait pourtant assez confidentiel. Eux aussi utilisent des solutions de DPI pour reconnaître l’utilisation des réseaux d’échange de fichierS.

Rogers inspecte également les paquets qui transitent sur son réseau pour ralentir le trafic ascendant (upload), quel que soit l’état de congestionnement du réseau. L’opérateur reproche aux protocoles Bittorrent ou eMule d’avoir gonflé sa propre note de bande passante, et dit ne plus souhaiter servir de « buffet du monde ».

Shaw a demandé à ce que ses réponses restent essentiellement confidentielles, mais reconnaît que « les technologies de contrôle du trafic ont ralenti le niveau de consommation ascendante à un niveau mieux gérable ». Selon le FAI, le fait de freiner l’accès au P2P permet d’assurer à l’ensemble des clients une vitesse de réseau conforme à ses engagements contractuels. Sauf pour les utilisateurs de P2P, bien sûr.

Mais l’excuse de la gestion de la bande passante tient-elle véritablement ? Une étude publiée l’an dernier, réalisée par un FAI britannique et des chercheurs japonais, montrait que la part du P2P dans le trafic mondial était en chute libre, au profit des sites de streaming (en particulier YouTube), qui explosent. Mais ces derniers ont un avantage pour les opérateurs : il sera plus facilement possible, un jour, de leur faire payer un service premium pour assurer une vitesse non bridée.

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