Contrairement à une idée trop largement répandue, ceux qui défendent la culture et les licences libres ne sont pas contre le droit d’auteur. Ils l’utilisent au contraire dans le plus pur esprit de la loi, en ayant jusqu’au bout des ongles qui touchent le clavier la volonté de respecter et de faire respecter les contrats qui régissent les droits sur les contenus : les licences. Ils ont simplement choisi, par tactique ou par philosophie, d’autoriser souvent le maximum d’usages à un maximum de monde, quand par défaut le droit d’auteur verrouille tous les usages pour ceux qui n’ont pas reçu l’autorisation d’exploiter une œuvre.
Sauf à ce qu’un jour la loi évolue, les licences libres continueront de tenir une place prépondérante dans le développement de la culture sur Internet. A condition qu’elles ne deviennent pas un casse-tête, notamment sous l’effet de la multiplication des licences, différentes les unes des autres.
C’est à cet égard que la Fondation Wikimedia a décidé la semaine dernière d’adopter la licence Creative Commons BY-SA comme licence par défaut pour tous les contenus de l’encyclopédie Wikipedia. Jusqu’à présent, les contenus de l’encyclopédie étaient placés sous la licence GNU Free Documentation License (GFDL), qui n’était pas toujours compatible avec la multitude de contenus Creative Commons. Un choix historique qu’explique la fondation : « Au moment de la conception de Wikipedia en 2001, [la licence GFDL] était une des rares licences disponibles pour les œuvres autres que les logiciels, qui avait pour but d’accorder des libertés de ré-utilisation et de re-distribution de l’information« . Les Creative Commons ne sont nées qu’un an après.
Créée par Richard Stallman pour encadrer la diffusion des documentations qui accompagnent les logiciels libres, la GDL était assez mal adaptée à des contenus comme ceux de Wikipedia. Le choix de la licence Creative Commons BY-SA, qui autorise toute exploitation des contenus à condition d’en citer la source et de préserver la licence, devrait assurer une meilleure interopérabilité de Wikipedia avec tous les contenus diffusés par ailleurs sous licence CC. Puisque la plupart des licences Creative Commons obligent à distribuer les contenus sous la même licence (dite alors « virale »), les reprendre sur l’encyclopédie sous GFLD n’était jusqu’à présent pas légal.
Concrètement, les deux licences devraient désormais cohabiter, sauf pour quelques contenus où la FGDL sera totalement abandonnée, pour résoudre ces problèmes d’interopérabilité juridique.
La décision de passer Wikipedia sous licence Creative Commons a été adoptée après la consultation des membres de Wikipedia, qui ont été 88 % à se prononcer en faveur de la réforme. Plus de 17.000 internautes se s’étaient exprimés sur le projet.
Rappelons pour finir que les articles de Numerama sont depuis toujours proposés sous licence Creative Commons by-nc-nd, qui autorise leur reproduction à condition de citer la source et l’auteur, de ne pas en modifier le contenu (pour ne pas trahir la pensée de l’auteur), et de ne pas en faire d’exploitation commerciale. Numerama met à disposition de tous un lien « Pirater cet article » au dessus de chaque article, qui permet de rediffuser facilement les articles en respectant la licence.
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