Né en 1936 près de Stockholm, l’écrivain et philosophe Lars Gustafsson est considéré comme l’un des auteurs suédois les plus prolifiques encore en vie. Titulaire en 1961 d’un doctorat de philosophie, il a publié dès 1957 son premier livre, et a publié depuis de très nombreux romans, recueils de poèmes et autres ouvrages de philosophie. Dont plusieurs traduits et publiés en France. Professeur à la retraite de l’Université du Texas où il a enseigné jusqu’en 2006, il continue de publier des œuvres, de recevoir des prix littéraires innombrables, et a commencé son propre blog.
Il n’est donc pas passé inaperçu en Suède que Lars Gustafsson soutienne publiquement dans le magazine Lexpressen le Parti Pirate, pour lequel il déclare son intention de voter aux élections européennes du 7 juin prochain. Comme 7,9 % des Suédois, d’après le dernier sondage publié au pays.
Pour justifier son choix, Gusfasson explique que ce qui est en train de se passer aujourd’hui lui « rappelle les combats pour la liberté de la presse en France, pendant les décennies qui ont précédé la Révolution française« . Il estime qu’un « nouveau monde d’idées est en train d’émerger« , et que ça n’aurait pas été possible sans le développement technologique, comme au 18ème siècle. Gustafsson fait un parallèle avec l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, qui avait donné lieu à des procès, des interdictions d’imprimer, des emprisonnements, des confiscations de presses… « Avec le recul, on sait que ça n’a pas aidé (le pouvoir). Au contraire, l’accentuation de la censure et les descentes contre les imprimeries ont eu un effet stimulant sur les nouvelles idées et les ont fait se propager plus vite encore« .
Il se félicite du vote de l’amendement Bono par le Parlement européen, mais « ça ne veut certainement pas dire que la liberté du net et la vie privée sont désormais protégés« , note-t-il.
Il voit, surtout, les risques posés par le droit d’auteur et les droits de propriété intellectuelle lorsqu’ils sont défendus dans l’intérêt d’un petit nombre contre l’intérêt général. « Qu’est-ce qu’ont impliqué les brevets des firmes pharmaceutiques sur les médicaments contre le Sida pour le tiers-monde ? Ou quid des prétentions de Monsanto à détenir des droits sur les semences et les porcs ?« , demande-t-il. Quand l’intérêt du public et l’intérêt particulier sont en conflits, « l’intérêt industriel doit être mis de côté« , plaide l’auteur.
« La défense croissante de la liberté d’expression étendue sur Internet, des droits civiques immatériels, que nous voyons désormais se former pays après pays, est le début d’un (exactement comme la dernière fois au début du 18ème siècle) libéralisme qui est porté par la technologie, et donc émancipée« .
« Aussi, mon vote ira au Parti Pirate« , conclut Gustafsson.
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