Le projet de loi Hadopi est exclusivement pensé pour lutter contre le partage de fichiers par P2P, alors-même que le peer-to-peer vit ses dernières heures si l’on en croit un rapport établi par Arbor Networks. La firme, qui équipe selon Wired plus de 70 % des principaux FAI dans le monde, estime que le trafic lié au partage de fichiers ne représente déjà plus que 18 % de l’ensemble des données qui circulent sur les routeurs, contre 40 % en 2007.
Pour parvenir à ces chiffres, Arbor Networks a analysé le trafic de 110 fournisseurs d’accès à Internet, sur environ 3.000 routeurs, pour un total de 264 milliards de gigaoctets de données (260 exaoctets). Elle a alors confirmé les tendances que nous avions remarqué dès 2006, et qui sont régulièrement constatées depuis dans différentes études.
Si gouverner c’est prévoir, la loi Hadopi est un exemple de mauvaise gouvernance. La loi donne en effet aux sociétés d’ayants droit le pouvoir de fournir à l’Hadopi des relevés de « preuves » (en fait simplement des adresses IP) de mises à disposition de fichiers illicites, ensuite envoyés au juge pour obtenir la suspension de l’accès à Internet de l’abonné indiscret. Mais les adresses IP de ceux qui partagent des fichiers ne peuvent être obtenues qu’au sein des réseaux P2P. Les autres méthodes de partage de fichiers, en particulier le stockage sur les newsgroups et les sites comme Rapidshare et MegaUpload, ne permettent pas de remonter jusqu’à l’abonné. Et l’hébergeur, lui, est couvert par la loi pour la confiance dans l’économie numérique, issue de la directive européenne sur le commerce électronique.
Or c’est précisément ces nouvelles méthodes de partage de fichiers qui grimpent en flèche. Selon Alexa, RadidShare est le 17ème site le plus visité au monde. Ipoque, un concurrent germanique de Arbor Networks, estime que le site compte aujourd’hui pour 5 % du trafic mondial, et que les solutions de stockage de fichiers représentent désormais de 15 % à 35 % du piratage en fonction des régions.
Arbor Networks, lui, pointe la progression des solutions de streaming, particulièrement aux Etats-Unis sous l’impact positif de la plateforme Hulu mise en place par les producteurs de séries et émissions de télévision. Plus besoin de lancer BitTorrent ou eMule pour télécharger le dernier épisode de House s’il est immédiatement disponible en streaming sur Hulu, légalement et avec une qualité certaine.
En seulement deux ans, sous l’impulsion également des YouTube, Dailymotion et autres Deezer, la part de marché du web (http) dans le trafic mondial a progressé de 10 points et compte aujourd’hui pour plus de 50 % de bande passante.
Mais s’agit-il d’une tendance circonstanciée ou bien d’une évolution pérenne du réseau mondial ? Le développement annoncé des solutions de streaming en P2P pourrait bien rapidement inverser de nouveau la tendance… A moins que les offres légales parviennent à devenir suffisamment attractives pour rendre inutile l’apparition d’une « concurrence déloyale ».
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