Le débat sur les deux lois Hadopi ont démontré qu’à l’exception de quelques députés, l’essentiel des parlementaires ne sait pas ce qu’est internet. C’est donc Nathalie Kosciuko-Morizet, la secrétaire d’Etat à l’économie numérique, qui va se transformer aujourd’hui en professeur, épaulée par le député UMP Yannick Favennec (qui s’était abstenu de voter la loi Hadopi) et la sénatrice Fabienne Keller (qui elle a voté pour). Les « ateliers de l’élu 2.0 » ont commencé ce matin, et se poursuivront avec une centaine d’élus jusqu’au 25 novembre.
Le but de Nathalie Kosciusko-Morizet est d’inciter les parlementaires à se servir des outils offerts par le net pour communiquer beaucoup plus directement avec leurs concitoyens, sans l’intermédiaire de leurs assistants, et sans langue de bois apparente. Elle veut leur apprendre à se servir eux-même de Twitter ou de Facebook, en établissant certaines lignes de conduite. David Abiker (journaliste de France Info féru de web), Nicolas Vanbreemersch (aka « Versac »), Daniel Kaplan (directeur de la FING), Benoît Thieulin (directeur de la Netscouade), participent aux ateliers pour apporter leur regard d’expert.
En soi, l’idée de former les politiques au web est une bonne chose. Il aurait évidemment fallu le faire avant l’adoption de lois qui vont contre la philosophie du net, mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. En revanche, la prise en main par les politiques du « web 2.0 » doit s’accompagner d’une vigilance redoublée des citoyens. Ca n’est pas parce qu’un élu anime lui-même son blog, qu’il a son compte Facebook et « twitte » toute la journée qu’il est exemplaire et au dessus de tout soupçon en matière de régulation du web.
Nathalie Kosciuko-Morizet, qui maîtrise parfaitement Twitter et Facebook, avec un débit impressionnant de « tweets » publiés chaque jour en toutes circonstances, ne s’est jamais prononcée ouvertement contre la loi Hadopi, et s’est laissée exclure des travaux de la commission Zelnik, des travaux sur la Loppsi, ou de la loi d’ouverture du marché des jeux en ligne. Tous des travaux qui sont du champs de compétence direct de la secrétaire d’Etat à l’économie numérique. Connaître aussi bien Internet pour n’utiliser ses connaissances qu’à des fins de communication ne fonctionnera qu’un temps.
Par ailleurs, il faut se méfier du semblant de transparence qu’offrent Twitter ou Facebook. En discutant sur Twitter avec des interlocuteurs identifiés, NKM donne l’illusion de s’adresser de la manière la plus démocratique et transparente qui soit aux internautes, et plus largement aux citoyens qui peuvent aussi s’adresser directement à elle. Elle donne l’illusion de ne rien cacher, lorsqu’elle continue bien sûr à discuter « hors ligne » avec des groupes d’intérêts divers et variés, et avec les autres membres du gouvernement.
L’utilisation du web par les élus et les gouvernants est une excellente chose, mais il faut que les citoyens apprennent à en décrypter l’usage pour ne pas se laisser entraîner dans une valse d’insouciance. Et ne pas confondre ce qui relève de la communication, et ce qui relève du fond.
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