Le projet de loi Hadopi 2 est désormais une loi. Le Président de la République Nicolas Sarkozy a promulgué mardi le texte issu du vote du Parlement, auquel seul manque l’article anecdotique censuré par le Conseil constitutionnel dans sa décision du 22 octobre dernier. On devra donc maintenant parler de la loi n° 2009-1311 du 28 octobre 2009 relative à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique sur internet, publiée ce jeudi au Journal Officiel.
Reste désormais au gouvernement à adopter les différents décrets d’application, et à installer officiellement la Haute Autorité pour la diffusion et la protection des œuvres sur Internet (Hadopi). Les décrets et circulaires, qui pourront faire l’objet d’un recours devant le Conseil d’Etat, devront notamment définir l’infraction de « négligence caractérisée », définir les conditions dans lesquelles l’obligation de sécurisation sera remplie, et les critères qui permettront au procureur de savoir quand avoir recours à une simple ordonnance pénale, et quand exiger une enquête et une procédure plus approfondies.
Le texte de loi publié au Journal Officiel se lit comme suit :
LOI n° 2009-1311 du 28 octobre 2009 relative à la protection pénale de la propriété littéraire et artistique sur internet.
NOR : JUSX0913484L
L’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté,
Vu la décision du Conseil constitutionnel no 2009-590 DC du 22 octobre 2009 ;
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
Article 1er
Après l’article L. 331-21 du code de la propriété intellectuelle, dans sa rédaction issue de la loi no 2009-669
du 12 juin 2009 favorisant la diffusion et la protection de la création sur internet, il est inséré un article
L. 331-21-1 ainsi rédigé :
» Art. L. 331-21-1. – Les membres de la commission de protection des droits, ainsi que ses agents habilités
et assermentés devant l’autorité judiciaire mentionnés à l’article L. 331-21, peuvent constater les faits
susceptibles de constituer des infractions prévues au présent titre lorsqu’elles sont punies de la peine
complémentaire de suspension de l’accès à un service de communication au public en ligne mentionnée aux
articles L. 335-7 et L. 335-7-1.
» Ils peuvent en outre recueillir les observations des personnes concernées. Il est fait mention de ce droit
dans la lettre de convocation.
» Lorsque les personnes concernées demandent à être entendues, ils les convoquent et les entendent. Toute
personne entendue a le droit de se faire assister d’un conseil de son choix.
» Une copie du procès-verbal d’audition est remise à la personne concernée. «
Article 2
Le code de la propriété intellectuelle, dans sa rédaction issue de la loi no 2009-669 du 12 juin 2009 précitée,
est ainsi modifié :
1° Le dernier alinéa de l’article L. 331-22 est supprimé ;
2° L’article L. 331-25 est abrogé.
Article 3
Le code de la propriété intellectuelle, dans sa rédaction issue de la loi no 2009-669 du 12 juin 2009 précitée,
est ainsi modifié :
1° L’article L. 331-26 est ainsi modifié :
a) La première phrase du premier alinéa est complétée par les mots : » et l’avertissant des sanctions
encourues en application des articles L. 335-7 et L. 335-7-1 » ;
b) A la dernière phrase du deuxième alinéa, le mot : » peut » est remplacé par le mot : » doit » et les mots :
» d’envoi » sont remplacés par les mots : » de présentation » ;
2° La seconde phrase du premier alinéa de l’article L. 331-35 est complétée par les mots : » et en application
de l’article L. 335-7-1 « .
Article 4
L’article L. 331-36 du même code, dans sa rédaction issue de la loi no 2009-669 du 12 juin 2009 précitée,
est complété par un alinéa ainsi rédigé :
» La personne dont l’activité est d’offrir un accès à des services de communication au public en ligne est
tenue d’informer la commission de protection des droits de la date à laquelle elle a débuté la suspension ; la
commission procède à l’effacement des données à caractère personnel relatives à l’abonné dès le terme de la
période de suspension. «
Article 5
Au deuxième alinéa de l’article L. 331-37 du même code, dans sa rédaction issue de la loi no 2009-669 du
12 juin 2009 précitée, les mots : » et de tous les actes de procédure afférents » sont remplacés par les mots : » , de tous les actes de procédure afférents et des modalités de l’information des organismes de défense
professionnelle et des sociétés de perception et de répartition des droits des éventuelles saisines de l’autorité
judiciaire ainsi que des notifications prévues au cinquième alinéa de l’article L. 335-7 « .
Article 6
I. – Après le onzième alinéa (9o) de l’article 398-1 du code de procédure pénale, il est inséré un 10° ainsi
rédigé :
» 10° Les délits prévus aux articles L. 335-2, L. 335-3 et L. 335-4 du code de la propriété intellectuelle,
lorsqu’ils sont commis au moyen d’un service de communication au public en ligne. «
II. – Après l’article 495-6 du même code, il est inséré un article 495-6-1 ainsi rédigé :
» Art. 495-6-1. – Les délits prévus aux articles L. 335-2, L. 335-3 et L. 335-4 du code de la propriété
intellectuelle, lorsqu’ils sont commis au moyen d’un service de communication au public en ligne, peuvent
également faire l’objet de la procédure simplifiée de l’ordonnance pénale prévue par la présente section.
[Dispositions déclarées non conformes à la Constitution par la décision du Conseil constitutionnel
no 2009-590 DC du 22 octobre 2009.] «
Article 7
Après l’article L. 335-6 du code de la propriété intellectuelle, il est rétabli un article L. 335-7 ainsi rédigé :
» Art. L. 335-7. – Lorsque l’infraction est commise au moyen d’un service de communication au public en
ligne, les personnes coupables des infractions prévues aux articles L. 335-2, L. 335-3 et L. 335-4 peuvent en
outre être condamnées à la peine complémentaire de suspension de l’accès à un service de communication au
public en ligne pour une durée maximale d’un an, assortie de l’interdiction de souscrire pendant la même
période un autre contrat portant sur un service de même nature auprès de tout opérateur.
» Lorsque ce service est acheté selon des offres commerciales composites incluant d’autres types de services,
tels que services de téléphonie ou de télévision, les décisions de suspension ne s’appliquent pas à ces services.
» La suspension de l’accès n’affecte pas, par elle-même, le versement du prix de l’abonnement au
fournisseur du service. L’article L. 121-84 du code de la consommation n’est pas applicable au cours de la
période de suspension.
» Les frais d’une éventuelle résiliation de l’abonnement au cours de la période de suspension sont supportés
par l’abonné.
» Lorsque la décision est exécutoire, la peine complémentaire prévue au présent article est portée à la
connaissance de la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet, qui la
notifie à la personne dont l’activité est d’offrir un accès à des services de communication au public en ligne
afin qu’elle mette en œuvre, dans un délai de quinze jours au plus à compter de la notification, la suspension à
l’égard de l’abonné concerné.
» Le fait, pour la personne dont l’activité est d’offrir un accès à des services de communication au public en
ligne, de ne pas mettre en œuvre la peine de suspension qui lui a été notifiée est puni d’une amende maximale
de 5 000 €.
» Le 3° de l’article 777 du code de procédure pénale n’est pas applicable à la peine complémentaire prévue
par le présent article. «
Article 8
Après l’article L. 335-6 du même code, il est inséré un article L. 335-7-1 ainsi rédigé :
» Art. L. 335-7-1. – Pour les contraventions de la cinquième classe prévues par le présent code, lorsque le
règlement le prévoit, la peine complémentaire définie à l’article L. 335-7 peut être prononcée selon les mêmes
modalités, en cas de négligence caractérisée, à l’encontre du titulaire de l’accès à un service de communication
au public en ligne auquel la commission de protection des droits, en application de l’article L. 331-25, a
préalablement adressé, par voie d’une lettre remise contre signature ou de tout autre moyen propre à établir la
preuve de la date de présentation, une recommandation l’invitant à mettre en œuvre un moyen de sécurisation
de son accès à internet.
» La négligence caractérisée s’apprécie sur la base des faits commis au plus tard un an après la présentation
de la recommandation mentionnée à l’alinéa précédent.
» Dans ce cas, la durée maximale de la suspension est d’un mois.
» Le fait pour la personne condamnée à la peine complémentaire prévue par le présent article de ne pas
respecter l’interdiction de souscrire un autre contrat d’abonnement à un service de communication au public en
ligne pendant la durée de la suspension est puni d’une amende d’un montant maximal de 3 750 €. «
Article 9
Après l’article L. 335-6 du même code, il est inséré un article L. 335-7-2 ainsi rédigé :
» Art. L. 335-7-2. – Pour prononcer la peine de suspension prévue aux articles L. 335-7 et L. 335-7-1 et en
déterminer la durée, la juridiction prend en compte les circonstances et la gravité de l’infraction ainsi que la
personnalité de son auteur, et notamment l’activité professionnelle ou sociale de celui-ci, ainsi que sa situation
socio-économique. La durée de la peine prononcée doit concilier la protection des droits de la propriété
intellectuelle et le respect du droit de s’exprimer et de communiquer librement, notamment depuis son
domicile. «
Article 10
Le dernier alinéa de l’article L. 336-3 du code de la propriété intellectuelle, dans sa rédaction issue de la loi
no 2009-669 du 12 juin 2009 précitée, est complété par les mots : » , sous réserve des articles L. 335-7 et
L. 335-7-1 « .
Article 11
Le premier alinéa de l’article 434-41 du code pénal est complété par les mots : » , d’interdiction de souscrire
un nouveau contrat d’abonnement à un service de communication au public en ligne résultant de la peine
complémentaire prévue en matière délictuelle par l’article L. 335-7 du code de la propriété intellectuelle « .
Article 12
I. – Le code de la propriété intellectuelle, dans sa rédaction issue de la loi no 2009-669 du 12 juin 2009
précitée, est ainsi modifié :
1° A l’article L. 331-17, la référence : » L. 331-26 » est remplacée par la référence : » L. 331-25 » ;
2° Aux articles L. 331-5, L. 331-6, L. 331-7, L. 331-41, L. 331-44 et L. 342-3-1, la référence : » L. 331-39 «
est remplacée par la référence : » L. 331-31 » ;
3° Aux articles L. 331-5 et L. 331-44, la référence : » L. 331-40 » est remplacée par la référence :
» L. 331-32 » ;
4° Aux articles L. 331-6, L. 331-39 et L. 342-3-1, les références : » L. 331-41 à L. 331-43 et L. 331-45 » sont
remplacées par les références : » L. 331-33 à L. 331-35 et L. 331-37 » ;
5° Les articles L. 331-26, L. 331-32, L. 331-35, L. 331-36, L. 331-37, L. 331-38, L. 331-39, L. 331-40,
L. 331-41, L. 331-42, L. 331-43, L. 331-44 et L. 331-45 deviennent respectivement les articles L. 331-25,
L. 331-26, L. 331-27, L. 331-28, L. 331-29, L. 331-30, L. 331-31, L. 331-32, L. 331-33, L. 331-34, L. 331-35,
L. 331-36 et L. 331-37.
II. – Au II de l’article 19 de la loi no 2009-669 du 12 juin 2009 précitée, la référence : » L. 331-45 » est
remplacée par la référence : » L. 331-37 « .
III. – Au second alinéa du 1 du I de l’article 6 de la loi no 2004-575 du 21 juin 2004 pour la confiance dans
l’économie numérique, la référence : » L. 331-32 » est remplacée par la référence : » L. 331-26 « .
Article 13
La présente loi est applicable sur l’ensemble du territoire de la République, à l’exception de la Polynésie
française.
La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.
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