Fut une époque pas si lointaine où signer chez une major restait encore la voie royale pour accéder au succès et vivre confortablement de sa musique. Mais avec Internet, les choses changent progressivement. Moins vite qu’on aurait pu le penser (voire l’espérer), mais elles progressent. Le Wall Street Journal raconte ainsi la success story de Pomplamoose, un groupe de rock alternatif qui surfe sur un nouveau courant artistique qu’ils ont baptisé VideoSong. Né avec les YouTube et consorts, le genre consiste à créer un clip musical homogène à partir de séquences vidéos d’instruments et de voix disparates. En général, un même musicien interprète tous les instruments, qui sont ensuite rassemblés au montage, aussi bien dans le son que dans l’image. Le résultat peut être plus ou moins bon, en fonction du talent musical et de la créativité au montage. Pomplamoose excelle sur l’ensemble, au point de générer plusieurs millions de vues sur Youtube et d’avoir été « tweeté » par Ashton Kutcher et Kylie Minogue.
Le groupe, formé par la chanteuse Nataly Dawn et l’instrumentaliste Jack Conte, a vendu 20.000 chansons en septembre, et percé les charts de musique indépendante avec leur album de 10 chansons. Selon le Wall Street Journal, Warner, Sony, Universal et Atlantic Records (qui appartient à Warner) se sont intéressés à Pomplamoose, qu’ils ont voulu faire signer. Mais le groupe veut rester indépendant, sans label. « Nous gagnons notre vie avec nos ventes d’albums et nous n’avons même pas de CD physique« , s’amuse Jack Conte.
Un succès d’autant plus amer pour les majors que le groupe ne connaîtrait probablement pas ce succès sans les majors. Ils ont en effet construit leur notoriété en reprenant certains des plus gros succès de l’industrie musicale, comme Beat It de Michael Jackson, ou Single Ladies de Beyonce. Lorsque les internautes cherchent les clips des chansons d’origine sur Youtube, ils tombent parfois par hasard sur les reprises enregistrées par Pomplamoose, ce qui aide à faire connaître le groupe et à créer le bouche-à-oreilles. Aux Etats-Unis, la loi sur le droit d’auteur oblige les auteurs et compositeurs à autoriser les reprises de leurs chansons, via un système de licence obligatoire qui n’existe pas en France. Quant aux maisons de disques, elles n’ont de droits que sur les enregistrements, ce qui interdit toute emprise sur les ré-enregistrements.
Mais peut-être ce succès populaire naissant permettra-t-il à Pomplamoose de faire connaître ses propres chansons, qui seront à leur tour reprises par d’autres. La pompe pourra alors s’amorcer pour se passer entièrement des majors de l’industrie musicale.
Lily Allen, qui a fini par condamner le piratage et fuir Internet, avait commencé elle aussi en se faisant connaître sur Internet grâce à des reprises. Elle avait, elle, choisi de signer avec une major.
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