Célèbre duo spécialisé dans le canular, les Yes Men ont fait de la dénonciation du libéralisme leur spécialité. Ciblant tout à la fois entreprises et gouvernements, Jacques Servin et Igor Vamos (plus connus sans doute sous les pseudonymes d’Andy Bichlbaum et de Mike Bonanno), s’en sont pris notamment à l’Organisation Mondiale du Commerce, à Halliburton, à George W. Bush, mais également à ExxonMobil ou encore à la chambre de commerce des États-Unis.
Leur dernier fait d’arme remonte au 14 décembre dernier, lors de la conférence de Copenhague sur le climat. Alors que le Canada défendait un plan de réduction de 3 % des émissions de gaz à effets de serre par rapport à 1990, les Yes Men ont diffusé un faux communiqué de presse sur un site Internet identique à Environnement Canada, un site maintenu par le gouvernement canadien. Dans ce communiqué, les Yes Men ont annoncé que le pays visait en réalité une réduction de 40 % d’ici 2020 par rapport à 1990.
°videmment, rien de tout ceci n’était vrai et une telle annonce a sans surprise jeté le trouble dans la délégation canadienne. Car si le Canada a bel et bien signé et ratifié le protocole de Kyoto, le pays a énormément de mal à tenir ses engagements internationaux, d’autant qu’il est le principal fournisseur de pétrole et de gaz naturel des États-Unis. Dès lors, un tel changement de cap de la politique environnementale canadienne n’aurait été guère possible.
Excédé par le comportement des deux activistes, le gouvernement canadien a décidé de contre-attaquer en prenant contact avec le fournisseur d’accès à Internet l’hébergeur allemand Serverloft. Mike Landreville, le responsable du site Environnement Canada, a alors expliqué que deux sites parodiques (« enviro-canada.ca » et « ec-gc.ca« ) « étaient directement connectés à un hoax faisant croire aux internautes que le gouvernement canadien va prendre certaines mesures relatives aux problèmes liés aux questions environnementales« .
Peu disposé à s’attirer les foudres du Canada, l’hébergeur allemand a alors obtempéré immédiatement en déconnectant les deux sites web en question, sans jamais obtenir une confirmation judiciaire de la légalité d’une telle demande. Mais dans un excès de zèle, Serverloft a également mis hors-ligne près de 4 500 autres sites Internet hébergés sur le même bloc d’IP.
Réagissant aux représailles gouvernementales, les Yes Men ont déploré que de voir le gouvernement canadien s’attaquer à la liberté d’expression plutôt qu’au problème grave du changement climatique. Mike Bonanno a ainsi déclaré être « désolé de voir qu’ils ne s’en soucient pas vraiment« .
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