Le pirate est-il trop sexy ? C’est ce que semble penser la responsable de l’International Actors’ Federation. Pour elle, le piratage n’est pas un jeu où chacun serait un Johnny Depp en puissance. Non en réalité, il s’agit d’un crime. Mais changer de terminologie va-t-il réellement changer la donne ?

Les ayants droit ne manquent décidément pas d’idées pour lutter contre le téléchargement illégal. Dernière proposition en date, arrêter l’utilisation du terme « piratage » pour évoquer ce phénomène, un mot jugé trop sexy pour sensibiliser efficacement les internautes. Et c’est Agnete Haaland, la présidente de l’International Actors’ Federation, qui a très sérieusement appelée à une nouvelle qualification de ce qu’elle considère comme un crime.

« Pour moi, le piratage évoque quelque-chose lié à l’aventure, cela vous fait penser à Johnny Depp » a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse. « Nous voulons tous être un peu comme Johnny Depp. Mais nous sommes en train de parler d’un crime » a-t-elle asséné. « Nous devrions changer le terme de piratage« , pour utiliser un mot moins glamour et moins porteur pour désigner les adeptes du téléchargement illégal.

C’est plus ou moins la même idée qu’a soutenu le fils de Rupert Murdoch, James, lors du Abu Dhabi Media Summit qui a eu lieu aux Émirats Arabes Unis. « Nous avons besoin de mécanismes d’exécutions et nous avons besoin que les gouvernements jouent le jeu… il n’y a pas de différence entre aller dans un magasin et voler une boite de Pringles ou un sac à main et prendre du contenu [numérique ndlr]. C’est une condition de base pour l’investissement et la croissance économique, et il devrait avoir le même niveau de droits de propriété que ce soit une maison ou un film« .

La solution serait donc de non plus parler de pirates mais de voleurs ? Sauf qu’il est très périlleux d’essayer de mettre sur le même plan un bien matériel et un bien immatériel. C’est ce qu’avait expliqué Serge Soudoplatoff lors d’une conférence publique à l’École Normale Supérieure sur la rupture Internet. « Quand on partage un bien matériel, il se divise. Quand on partage un bien immatériel, il se multiplie« .

Ainsi, la valeur n’est plus tant dans l’objet en tant que tel mais dans son usage. D’ailleurs, des études vont dans ce sens. Souvenons-nous par exemple de l’étude commandée par le gouvernement des Pays-Bas. Celle-ci montrait que les effets du partage de fichiers et du téléchargement gratuit peuvent avoir un impact très positif pour la société néerlandaise.

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