(Laurent Joffrin, CC David Monniaux)

Pourquoi se moderniser quand on peut faire payer aux autres son immobilisme ? Il y a un an, le directeur de la rédaction de Libération Laurent Joffrin avait demandé que les FAI puissent « ajouter aux factures de leurs abonnés au Web une somme forfaitaire de quelques euros : le coût de l’information gratuite« . Il s’agissait selon lui de « rectifier (sic) les flux d’argent actuels au profit des rédactions, qui sont les auxiliaires du bon fonctionnement de la démocratie« . Beaucoup avaient analysé cela comme une demande de licence globale pour la presse, mais nous avions expliqué pourquoi ça n’avait en réalité rien à voir avec une licence globale.

Faute d’avoir pu imposer son idée aux autres éditeurs de presse et au gouvernement à l’occasion de la loi Hadopi qu’il avait soutenue, Laurent Joffrin a décidé de surfer sur la vague de la mission Zelnik qui propose de taxer Google. Et le directeur de Libération de rejouer la partition jaunie du méchant Google qui volerait du trafic et donc des ressources publicitaires aux bons journalistes.

« Il faut rappeler que si le Net est un magnifique outil de diffusion, il ne produit rien« , lâche Laurent Joffrin dans une tribune publiée par son journal. Comme si le net et ses internautes n’étaient que des consommateurs d’info. Ceux qui commentent ses articles et alimentent les blogs hébergés par Libération seront contents de l’apprendre, tout comme l’ensemble des internautes qui enrichissent chaque jour le web de leurs contenus. « Principal agrégateur, Google vend aux annonceurs un produit qu’il n’a pas produit mais qu’il a seulement collecté« , s’agace-t-il.

En ligne de mire : Google News. Laurent Joffrin reprend la tirade totalement absurde qu’avait osé inaugurer le GESTE, en demandant que le moteur de recherche paye pour avoir le droit de leur apporter du trafic. Mais aucun des éditeurs de presse affiliés au GESTE n’a eu jusqu’à présent l’audace de retirer ses contenus de Google, preuve qu’ils estiment avoir beaucoup plus à y perdre qu’à y gagner.

« Les internautes, pour une grande partie, se contentent de butiner les résumés qu’ils trouvent à portée de clic sur Google« , écrit Joffrin, qui estime que Google en est coupable alors que ce sont les journaux les premiers fautifs. Que n’ont-ils cherché à améliorer la qualité de leur couverture journalistique et de leur image de marque pour que les lecteurs n’aient plus l’impression de pouvoir se contenter du titre de l’article, mais qu’ils désirent lire l’analyse et le commentaire percutants de tel ou tel journaliste ?

« Les bénéfices de Google (comme ceux des FAI) sont immenses (…) Il ne s’agit pas de subvention. Il s’agit de demander une part modeste de bénéfices qui resteront en tout état de cause énormes« , conclut Joffrin. Ceux de Total aussi, sont immenses. Faut-il leur imposer une taxe spéciale au bénéfice de la presse, parce que l’essence qu’ils vendent alimente les camionnettes qui délivrent les journaux papiers dans les différents kiosques de France et de Navarre ?

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