La démarche entreprise par l’ASCAP, la Sacem américaine, ne fait décidément pas l’unanimité. Le mouvement Creative Commons a réagi en décortiquant les affirmations de la société d’auteur sur l' »asséchement » prétendu de la musique par les licences libres. Et de rappeler que beaucoup d’artistes membres de ces sociétés sont également des soutiens de ces licences libres.

Hier, nous vous rapportions un courrier de l’ASCAP qui exhortait ses membres de financer davantage les actions de l’organisation américaine afin de lutter plus efficacement encore contre les licences libres. L’initiative a rapidement entrainé une polémique avec les défenseurs du copyleft, incitant un porte-parole du mouvement Creative Commons à réagir.

« C’est vraiment dommage de voir l’ASCAP prétendre à tort que les Creative Commons cherchent à saper le droit d’auteur » a déclaré en préambule Eric Steuer, dans des propos rapportés par ZeroPaid. « Les licences Creative Commons sont des licences d’auteur – c’est clair et net, sans droit d’auteur, ces outils ne fonctionnent même pas« .

« Les licences Creative Commons sont des outils juridiques que les créateurs peuvent utiliser pour offrir certains droits d’usage au public, tout en se réservant d’autres droits. Les artistes et les labels qui veulent mettre leur musique disponible sous certaines conditions, comme le partage non-commercial ou le remixage, devraient songer aux licences Creatives Commons » a-t-il poursuivi.

Et dans le cas contraire, il suffit de ne pas puiser dans les Creative Commons. « Les artistes et les labels qui veulent se réserver la totalité de leurs droits d’auteur ne doivent absolument pas utiliser les licences Creative Commons« . En d’autres termes, il s’agit d’une démarche volontaire de la part d’un créateur. Si bien entendu le mouvement Creative Commons fait la promotion de son système, il ne force personne à l’adopter.

Eric Steuer en profite pour démystifier certains propos très contestables. Hier, le courrier de l’ASCAP indiquait que « si nous laissons leurs points de vue gagner de l’importance […], nous savons tous ce qui va se passer ensuite : la musique va s’assécher et le perdant en définitive sera le consommateur de musique« .

Un avis qui n’est pas partagé par le porte-parole, qui cite de nombreux artistes actuellement sous le régime des Creative Commons : « plusieurs dizaines de milliers de musiciens, incluant des artistes de premier plan comme Nine Inch Nails, the Beastie Boys, David Byrne, Radiohead et Snoop Dogg ont utilisé des licences Creative Commons pour partager leur musique avec le public« .

« Ces musiciens ne cherchent pas à cesser de vivre de leur art. En fait, bon nombre des artistes qui utilisent des licences Creative Commons sont également membres de sociétés de gestion collective des droits, y compris l’ASCAP » a poursuivi Eric Steuer.

« C’est d’ailleurs comme ça que nous avons entendu parler de cette campagne par e-mail. De nombreux musiciens soutenant la logique des Creative Commons ont reçu ce courrier et nous l’ont fait suivre. Certains en ont même profité pour faire un don au Creative Commons« .

Une fausse polémique, alors ? L’ASCAP n’en est pas à son premier coup d’essai contre les représentants du copyleft. En début d’année, la société de gestion des droits avait préparé une réunion avec certains de ses membres pour trouver des solutions « pour lutter contre la prévalence croissante des pontifes du copyleft » ou de la « culture libre dans le discours public sur les droits des créateurs« .

Problème, à en croire Eric Steuer, de nombreux membres de l’ASCAP sont eux-mêmes favorables à ces licences particulières. Un problème insoluble pour la Sacem américaine, alors qu’elle cherche visiblement à monter en gamme contre les « pontifes du copyleft » ?

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