Chaque année, l’Assemblée nationale organise un évènement un peu particulier au Palais Bourbon. En effet, la représentation nationale accueille exceptionnellement pas moins de 577 enfants de CM2 dans le cadre de l’opération « Parlement des enfants« . Le but de la manœuvre est simple : faire découvrir le système démocratique aux plus jeunes d’entre nous.
Ainsi, ces 577 enfants se prononcent chaque année sur dix propositions de lois à travers un vote solennel. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ces votes peuvent parfois aboutir à de véritables lois. En effet, lorsqu’une proposition de loi d’une école est votée, le député de la circonscription de l’établissement scolaire la reprend et la dépose ensuite, dans l’espoir d’être officiellement votée.
Les thèmes abordés sont plutôt variés, mais sont globalement assez proches des préoccupations des enfants. C’est donc sans surprise que la question des jeux vidéo a été abordée à l’occasion de la dernière session du Parlement des enfants, qui a eu lieu le 5 juin dernier.
Dans l’exposé des motifs, les députés reprennent l’argumentaire de l’école Les Apinias de Petite-Île, située dans l’académie de La Réunion. On peut y lire que cette proposition de loi vise « à mieux garantir le droit à l’éducation à la santé, à responsabiliser les pouvoirs publics et les industries de jeux vidéo dans l’éducation à la santé et la protection des enfants et des adolescents contre la cyberaddiction« . Et de souligner que ce texte a été désigné comme « étant la seconde meilleure proposition présentée« .
La proposition de loi, repérée par Astrid Girardeau, a donc été enregistrée le 13 juillet 2010 auprès de la présidence de l’Assemblée nationale. Et celle-ci s’articule autour de quatre articles. Si trois d’entre eux proposent des programmes d’éducation des des plans d’action, tout en précisant le mode de financement d’un tel dispositif, c’est véritable l’article numéro 3 qui aura le plus d’impact.
En effet, celui-ci expose que « dans un délai d’un an suivant l’entrée en vigueur de la présente loi, le ministre chargé de la santé élabore une charte éthique qui amène l’industrie des jeux vidéo à s’orienter vers une politique du jeu responsable, en favorisant notamment des sessions de jeu plus courtes et marquées de pauses obligatoires de trente minutes, voire plus pour des jeux de longue durée« .
Car en effet, l’exposé des motifs affirme de façon péremptoire qu' »on considère qu’une personne est « accro » aux jeux lorsqu’elle passe plus de 2 heures par jour sur l’ordinateur ou sur console« . Et la proposition de loi s’appuie sur une étude réalisée par l’école, qui a remarqué que chez les enfants de 8 à 12 ans, certains « ont tendance à enfreindre les règles de sécurité pourtant données par leurs parents et à adopter des comportements à risque« .
Et si les députés ne veulent pas jeter l’opprobre sur le jeu vidéo, ils notent quand même que « l’utilisation abusive des jeux vidéo peut présenter un réel danger » et « peut rapidement dégénérer en dépendance« . Et de lister toutes les pathologies que peuvent entrainer cette activité : « fatigue visuelle, asociabilité, agressivité, nervosité, vertiges, troubles de la conscience et de l’orientation, voire crises d’épilepsie et nausées, repli sur soi, échec scolaire, perte de la notion du temps, déshydratation et sous-alimentation« .
Ceci étant, cette proposition de loi vise sans doute le temps de jeu des plus jeunes d’entre nous. On imagine en effet assez mal qu’un tel dispositif puisse avoir un quelconque soutien chez les joueurs plus âgés. Nul doute que les éditeurs y seraient farouchement opposés. Par contre, à l’heure où les jeux en ligne massivement multijoueurs se multiplient, il est plutôt curieux de situer la dépendance d’un joueur à deux heures de jeu par jour.
Mais si la démarche des députés peut tout à fait se comprendre – qui ne voudrait pas protéger nos chères petites têtes blondes ? -, on peut se demander s’il faut forcément en passer par une proposition de loi pour limiter le temps de jeu des enfants. Un texte de loi doit-il remplacer le rôle des parents ? N’est-ce pas plutôt à eux de responsabiliser leur progéniture et de surveiller leur temps de jeu ?
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