Dans la province chinoise du Chongqing, un nouveau règlement interdit désormais aux parents de mettre le nez dans les affaires numériques de leurs enfants. Concrètement, les parents n’ont plus le droit de fouiner dans l’historique de recherche du navigateur ou de jeter un oeil sur les SMS des enfants. Mais sur le terrain, cette disposition sera délicate à mettre en oeuvre. Comment vérifier ? Et surtout, les enfants nés un clavier entre les mains ne sont-ils pas déjà capables de cacher beaucoup de choses ?

Voilà une mesure qui détonne dans un pays ayant fait de la surveillance de la population sa spécialité. Selon nos confrères britanniques du Guardian, une province chinoise du centre du pays, Chongqing, a décidé de faire passer une loi interdisant aux parents de fliquer les activités numériques de leurs enfants. Et la mesure a théoriquement un vaste champ d’application, puisque cela va de l’ordinateur familial jusqu’aux SMS envoyés depuis un téléphone mobile.

La nouvelle législation ne s’arrête d’ailleurs pas qu’aux parents. En réalité, tous les membres adultes d’une famille sont concernés. « Le règlement interdit donc aux parents de fouiner dans les e-mails, les textos, les historiques de discussions instantanées et dans l’historique de recherche d’une navigation » souligne le journal britannique. À l’origine de cette mesure, la nécessité de mieux préserver les droits des enfants en Chine.

Cette décision amène quelques réflexions. D’une part, comme le rappelle le Guardian, l’addiction des jeunes aux nouveaux médias, et en particulier à Internet, est un sujet d’une grande préoccupation pour le gouvernement chinois. Si depuis l’année dernière le pays a arrêté les « soins par électrochocs » pour endiguer l’addiction à Internet, il n’en demeure pas moins que des milliers de centres de « désintoxication au net » sont toujours actifs dans l’Empire du Milieu.

Aujourd’hui la Chine avait notamment cité le cas d’un psychiatre officiant dans la province de Shandong qui administrait des décharges électriques aux jeunes enfants accros au net. Le tarif était plutôt élevé (575 euros environ), surtout dans un pays dont l’immense majorité de la population est encore très pauvre. Près de 3 000 enfants en seraient passés par là.

D’autre part, on se demande bien comment une telle disposition va être mise en pratique concrètement. « Les parents qui sont habitués à surveiller leurs enfants ne vont pas s’arrêter à cause de cette réglementation » a estimé Lu Yulin, interrogé par nos confrères. Les parents ayant la volonté de surveiller l’utilisation des nouvelles technologies ne vont certainement pas avoir un comportement transformé du jour au lendemain, surtout lorsque des affaires de « drogués du net » se répandent dans la presse locale.

Et surtout, les enfants – souvent désignés comme des natifs du monde numérique – ne sont-ils pas désormais plus doués dans ces domaines que leurs parents ? Dans de nombreux cas, les plus jeunes d’entre nous sont bien plus débrouillards et futés pour masquer beaucoup de choses à leurs aînés. C’est ce qu’a glissé en filigrane un jeune enfant de onze ans, affirmant être beaucoup plus capable que ses parents sur Internet. Une manière détournée de dire que s’il veut avoir la paix, il peut facilement effacer son historique de navigation ?

Rappelons que la Chine est désormais le premier pays au monde au niveau du nombre d’internautes. Les jeunes représentent une part importante des connectés, puisque selon l’organisation non-gouvernementale China Internet Network Information Center (CNNIC), 126 millions de jeunes sont des internautes réguliers.

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