Ce n’est pas une surprise, Google entretient depuis quelques années une relation compliquée avec le principe de la vie privée dans la sphère numérique. Premier moteur de recherche dans de nombreux pays du monde, Google a développé une myriade de services et a racheté une ribambelle de sociétés. Aujourd’hui, Google dispose d’une montagne colossale d’informations plus ou moins confidentielles sur des millions d’internautes.
Par conséquent, la firme est observée avec attention par les défenseurs de la vie privée en ligne. L’an dernier, Eric Schmidt – le directeur général de l’entreprise – avait heurté les partisans de la protection de la vie privée sur le web en affirmant que le besoin de se protéger derrière la barrière de la vie privée n’avait de sens que pour les internautes ayant quelque chose à se reprocher.
À la mi-août, Eric Schmidt s’était à nouveau illustré en expliquant que les jeunes gens seront de plus en plus nombreux à réclamer un changement d’identité lors du passage à l’âge adulte. « Je ne crois pas que la société comprend ce qui se passe lorsque tout est disponible, peut se savoir, et être enregistré par tout le monde à tout moment » avait-il alors déclaré, estimant que les jeunes voudront masquer leurs erreurs sur le web en obtenant un nouveau nom.
Cette étrange vision du droit à l’anonymat a manifestement agacé Consumer Watchdog, un organisme spécialisé dans la défense des consommateurs américains. Pour marquer son opposition, l’association a mis au point un petit clip présentant Eric Schmidt comme un être malfaisant. En effet, sous couvert de bonnes intentions, celui-ci n’aurait qu’un seul objectif : obtenir un maximum d’informations des internautes pour les exploiter.
« Est-ce que vous voulez que Google ou n’importe quelle autre compagnie puisse jeter un coup d’oeil par-dessus votre épaule pour suivre chacun de vos actions en ligne juste pour pouvoir augmenter ses profits ? Les consommateurs ont le droit à la protection de la vie privée. Ils devraient avoir le contrôle sur la façon dont les informations sont recueillies et comment elles seront utilisées » explique Consumer Watchdog.
Intitulée « Do not track me » (Ne me pistez pas), la campagne a obtenu une exposition exceptionnelle en étant diffusée sur Times Square, la célèbre place de New York et qui est accessoirement l’une des plus fréquentées au monde. L’opération a donc potentiellement touché des centaines de milliers d’Américains et sans doute autant de touristes. Ironie du sort, la vidéo est actuellement hébergée par YouTube, qui a été racheté par Google en 2006 pour 1,65 milliard de dollars.
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