En signant un accord d’indexation non exclusive avec la Bibliothèque Nationale de France (BNF), Microsoft oblige Google à revoir sa stratégie d’exclusivité qui accompagne ses propositions de numérisation des fonds d’ouvrages.

Ceux qui ont plus de 20 ans savent que pendant très longtemps, Microsoft a été perçu comme le grand méchant loup dans la bergerie de l’informatique grand public. La firme de Redmond a été constamment critiquée, et parfois même condamnée en Justice, pour ses pratiques anticoncurrentielles visant à profiter de l’énorme domination de Windows pour imposer ses produits et services, notamment aux revendeurs d’ordinateurs. Mais aujourd’hui, Microsoft ne fait plus peur à grand monde. Internet aidant, l’informatique est beaucoup moins dépendante qu’avant du système d’exploitation Windows. Et c’est davantage Google qui inspire des craintes par ses aspirations hégémoniques, dissimulées derrière un discours d’ouverture et de progrès technologique.

A cet égard, Calimaq publie un article très pertinent sur l’accord passé entre Microsoft et la Bibliothèque Nationale de France (BNF), sur l’indexation des contenus de la bibliothèque numérique Gallica par le moteur de recherche Bing. L’auteur note en effet que l’accord est non exclusif, dans les deux sens. « Microsoft est libre de lier des accords du même type avec d’autres bibliothèques, tout comme la BnF avec d’autres acteurs du secteur des technologies de l’information et de la communication« , précise en effet le communiqué de presse.

Or il rappelle qu’en ce qui concerne la numérisation des contenus, qui est un marché abandonné par Microsoft, Google est beaucoup moins souple. « L’exclusivité d’indexation des contenus est l’un des points les plus sensibles des partenariats public/privé de numérisation. C’est en effet une des contreparties imposées par Google aux bibliothèques qui signent des accords avec lui« , rappelle Calimaq. « Ces contrats prévoient que les bibliothèques se voient remettre un exemplaire numérique des collections confiées à Google qu’elles sont libres de stocker et de diffuser, mais à la condition d’empêcher les robots des moteurs de recherche concurrents de Google de les indexer« .

Au delà de la symbolique, l’accord avec Microsoft n’est donc pas sans conséquence. Des discussions ont lieu entre la BNF et Google pour la numérisation du fonds national, avec le soutien du Sénat. Mais « dans la mesure où Google impose à ses bibliothèques partenaires une exclusivité d’indexation, le fait d’avoir signé un accord de cette sorte avec Microsoft rend en toute logique impossible à présent pour la BnF de signer un partenariat de numérisation avec Google, sauf à ce que celui-ci consente de revenir sur l’un des points les plus importants de sa stratégie« .

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