La chaîne d’informations France24 a interrogé le ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand, à l’occasion du Forum d’Avignon qui était cette année consacré aux nouvelles technologies. L’occasion pour le successeur de Christine Albanel de dresser un premier bilan de la loi dont il a hérité en plein processus législatif, et dont il doit dessiner l’avenir. Une méthode Coué peu convaincante.
« Pour l’instant le bilan est bon. Je croise les doigts« , commence le ministre. « Pourquoi je croise les doigts ? Parce qu’il y a tellement de controverses et de passion autour de ce projet que ce projet a encore beaucoup d’adversaires« , ajoute-t-il, se démarquant ensuite de la communication agressive d’Albanel contre « les gus dans un garage » et autres « groupuscules« .
Le style Mitterrand, c’est plutôt la compassion que l’on accorde à l’alcoolique dépressif ou au marginal qui n’arrive plus à s’intégrer dans la société. « Je peux comprendre, je n’ai aucune envie de diaboliser les adversaires. D’abord parce que ça n’est pas dans ma nature, et puis en plus quand il y a des adversaires très très résolus, c’est qu’ils ont une pratique, c’est qu’ils ont des habitudes, etc. Il faut essayer de comprendre pourquoi ils en sont arrivés là« , dit-il.
« Je ne parle pas des délinquants qui organisent le piratage organisé Ceux-là se sont des voleurs qui se foutent complètement de savoir si la création peut continuer à vivre, ou si elle va mourir« .
Interrogée sur ceux qui contournent l’Hadopi en passant par d’autres vecteurs que les réseaux P2P publics, Mitterrand reconnaît qu’il y a « tous ceux qui s’arrangent« . « Ceux-là il faut leur faire comprendre que véritablement ce temps là est terminé, que la défense des auteurs, que la défense des auteurs, que la défense de la création est une priorité absolue« .
Naïf convaincu ou partisan du rêve auto-réalisateur, Frédéric Mitterrand assure que « les premiers résultats de la Hadopi, c’est la prise de conscience généralisée« . Que « plus personne ne nie les dangers du piratage« . Que « plus personne ne pirate la conscience totalement tranquille« .
« On s’aperçoit qu’il y a eu une baisse dans la pratique du piratage« , affirme-t-il, sans se rendre compte que le piratage n’a pas baissé mais s’est transformé, et radicalisé. La part du P2P dans le volume d’échange a baissé, mais au profit d’autres sources. Alexandre Archambault, le directeur des affaires réglementaires de Free, indiquait aujourd’hui même sur Twitter qu’il y avait des « millions d’euros dépensés chaque mois dans des services VPN, de téléchargement premium et autres Giganews (newsgroups, ndlr)« . L’opérateur constate « une explosion du trafic surtout entrant vers l’Allemagne, les Pays-Bas, Honk-Kong et les Etats-Unis« , et du chiffre d’affaires généré par Allopass, une plateforme souvent utilisée par les « scènes warez » pour vendre des contenus piratés ou faire des dons. C’est une « tendance de fond mondiale, mais accentuée par Hadopi« .
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