Mise à jour : Tous les intervenants n’ont pas eu à payer pour parler lors des tables rondes. Voir nos éclaircissements.
Ce mardi sont organisées à Paris les 2ème Rencontres Parlementaires sur l’Economie Numérique, à l’initiative du député centriste Jean Dionis du Séjour. Une rencontre importante à laquelle participent deux ministres, Eric Besson et Frédéric Mitterrand. La journée s’est ouverte par une table ronde sur « la neutralité des réseaux et les offres commerciales« , qui a très vite tourné aux meilleurs moyens de s’assurer que les réseaux ne soient plus neutres, mais financés par les éditeurs de contenus pour les uns (les opérateurs), filtrés pour les autres (les créateurs de contenus).
Outre les députés Patrick Bloche (PS) et Catherine Morin-Dessailly (Nouveau Centre), très proches du monde culturel, les intervenants à la table ronde étaient des représentants de UFC-Que Choisir, de la SACEM, d’Alcatel-Lucent, et de France Télécom Orange. Etait également présent Eric Walter, le secrétaire général de l’HADOPI. Aucun éditeur de sites ou d’applications sur internet n’étaient en revanche représentés, pour un sujet qui les concerne pourtant au premier chef.
La raison en est simple. Elle a été révélée par Benoît Tabaka, le directeur des affaires juridiques de PriceMinister. Il fallait payer entre 10 000 et 15 000 euros pour avoir le droit à la parole dans cette table ronde, organisée pour les parlementaires par le cabinet M&M Conseil, qui propose « une approche renouvelée du conseil en communication« .
« Au service du débat public, avec exigence« , dit la page d’accueil de la société fondée en 1999. Ses deux principales activités sont l’organisation de colloques et conférences, et le « conseil en communication et lobbying« . Et pourquoi ne pas mêler les deux ?
Sur Twitter, la présidente de la table ronde et députée UMP Laure de la Raudière s’est contentée de rassurer sur le fait que « les députes ne sont pas payés…mais ne paient pas non plus« . Cependant il ne s’agit pas ici de critiquer une corruption active.
Le problème est qu’à ce prix, aucune TPE/PME ni aucun activiste smicard ne peut s’offrir un quart d’heures d’intervention orale dans un débat qu’il juge pourtant important, et dont les conclusions peuvent fortement l’impacter. En revanche, les grands lobbys peuvent s’offrir des heures d’interventions cumulées partout où interviennent les parlementaires et les ministres, qui se font beaucoup plus rares dans les réunions organisées gracieusement par des bénévoles, et ainsi modeler leur esprit pour obtenir les réformes qu’ils souhaitent, sans dissonances.
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