Il est peut-être possible de tuer Wikileaks, et c’est en partie déjà fait. Mais il n’est pas possible de tuer les fuites. C’est le message envoyé par les Anonymous, qui publient aujourd’hui une première série d’e-mails internes de la Bank of America.

Lundi, des Anonymous ont mis en ligne sur le site BankOfAmericasuck.com (et ses miroirs) une première salve de documents internes qui pourraient démontrer l’existence d’une fraude par la banque américaine. « Les conversations que l’on découvre à travers les emails rendus public font apparaître des tentatives de dissimulation d’une vaste fraude à l’assurance crédit, et laissent penser que la catastrophe des subprimes était parfaitement anticipée bien avant qu’elle n’éclate, avec pour seule préoccupation, du coté de la banque et de l’assureur qui s’occupait des assurances liés aux emprunts, de dissimuler ce qui pourrait par la suite les incriminer« , résume ReadWriteWeb.

Outre les documents, qui seront décortiqués et analysés par tous ceux qui souhaitent démontrer la responsabilité des banques dans la crise économique mondiale, le procédé est aussi révélateur d’un tournant pour Wikileaks. Lors de la révélation des câbles diplomatiques, nous avions noté que le site de Julian Assange semblait abandonner l’ouverture des données, en ne divulguant qu’au compte-goutte les documents, après contrôle d’équipes de journalistes et suppression de données identifiantes. « Le résultat pourrait être de donner naissance à de nouveaux Wikileaks, qui reprendront les promesses initiales du site nordique, avec moins d’état d’âme« , avions-nous écrit à l’époque.

Or c’est justement quelques jours après avoir défendu le fait que seuls 2 % des câbles en sa possession ont été divulgués que Wikileaks se trouve écarté de cette nouvelle fuite de grande ampleur. Le site BankOfAmericaSuck des Anonymous s’est fait sans Wikileaks, qui a trahit sa promesse initiale de divulguer les documents bruts. Dans sa quête de respectabilité, le site a peut-être perdu de sa crédibilité auprès des sources qui souhaitent que les documents soient diffusés tels quels. Si les documents compromettants doivent sortir, ils sortiront avec ou sans Wikileaks, avec ou sans l’application d’une éthique journalistique. On peut vouloir s’en plaindre, mais c’est un fait contre lequel il sera difficile de lutter.

C’est dire aussi toute la futilité des mesures prises contre Wikileaks, que ce soit la volonté d’en interdire l’hébergement, de l’infiltrer pour le discréditer, ou de mener des enquêtes sur son fonctionnement interne. Aussi futile que la réservation par Bank Of America de centaines de noms de domaine injurieux en prévision des foudres qui pourraient s’abattre sur ses dirigeants.

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