Le professeur Michel Riguidel, connu pour être l’auteur des futures spécifications fonctionnelles des moyens de sécurisation labellisés par l’Hadopi, a publié ce vendredi une tribune catastrophiste dans Le Monde. Il y explique qu’un « chaos numérique est possible en 2015« , et prévient qu’il est selon lui « urgent d’inventer des instruments de sécurité, opérés par des instances légales« . C’est-à-dire de faire intervenir l’administration et les Etats dans la gouvernance du net, et dans l’architecture des réseaux.
Une déclaration qui ne devrait pas surprendre puisque Michel Riguidel avait déjà dit l’an dernier dans une interview à l’Arcep que la neutralité du net était une « vieille conception de l’Internet« , une « écume politico-médiatique qui a été inventée par les économistes américains« , et « presque même la mort de l’internet » :
https://youtube.com/watch?v=1IVmDoYOk28%3Frel%3D0
Professeur émérite à l’école Télécom ParisTech, Michel Riguidel accuse les industriels d’avoir déployé sur le réseau Internet « un édifice perméable à tous les usages« , qui ne répond à aucune hiérarchie ni aucun contrôle. « Les fautes et les intrusions se propagent par interopérabilité, du fait de l’uniformisation des logiciels de base et de la mutualisation imprudente avec des acteurs (opérateurs de télécommunications, fournisseurs de services) voyous« , écrit-il..
Ce serait, selon le chercheur, la cause d’une grande vulnérabilité du réseau aux surcharges provoquées à la fois par des attaques et des conflits en surenchère, et par l’exploitation du réseau pour les calculs en batteries. « L’esquisse d’un chaos numérique géant partirait ainsi d’un scénario de battement d’ailes de papillon, comme un conflit asymétrique entre une cause défendue par un groupe anonyme X et une institution« , écrit-il comme un écho aux attaques DDOS lancées par les Anonymous. Par ailleurs, « la puissance numérique échappe peu à peu aux gouvernements ; elle est passée au secteur privé, avec l’émergence de grandes fermes de calcul et de stockage« , regrette-t-il.
Il estime qu’aujourd’hui, « entre la réalité et les ordinateurs, perdure un maillon humain qui peut court-circuiter la liaison en cas d’anomalie« . Mais « ce verrou risque de sauter avec l’informatique intrusive dans le vivant et l’intervention croissante des robots dans le quotidien« .
Si l’on comprend bien la tribune, parfois mystérieuse, le professeur Riguidel propose donc que les Etats aient la possibilité d’agir sur les flux, pour donner la priorité aux flux les plus essentiels, ou réduire voire coupure les flux jugés nocifs. Ce qui est d’ailleurs un pouvoir donné récemment par décret à l’Agence nationale de sécurité des systèmes informatiques (ANSSI). Mais encore faut-il que les réseaux soient conçus pour autoriser un tel contrôle étatique.
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