Pour empêcher un internaute d’accéder à un site promouvant le piratage d’œuvres culturelles, il existe une pléthore de techniques disponibles. Les ayants droit peuvent poursuivre le propriétaire du site en justice, obtenir le blocage de l’adresse au niveau des fournisseurs d’accès à Internet ou encore faire saisir le nom de domaine par les autorités. Tout dépend de la législation en vigueur et de la détermination de l’industrie du divertissement.
Mais une autre méthode pourrait bien voir le jour très prochainement. Au Danemark, une consultation parlementaire portant sur les mesures envisagées pour combattre le téléchargement illicite a récemment eu lieu. Le directeur de l’IT-Politisk Forening, Niels Elgaard Larsen, a proposé d’intégrer des listes noires directement dans les principaux navigateurs web du marché.
L’idée est assez simple et s’inspire des listes noires concernant les sites web compromis par des logiciels malveillants. Niels Elgaaard Larsen explique à Computer World, cité par Torrentfreak, que lorsqu’Internet Explorer, Firefox ou Chrome accède à une page web infectée par un virus, l’internaute reçoit un avertissement indiquant qu’il y a un danger potentiel. Ce n’est pas le FAI qui fait ça, mais bien l’éditeur du navigateur qui maintient une liste noire.
Pour Niels Elgaard Larsen, la mesure a le mérite d’être plus efficace que les autres. Le filtrage ne se fait pas en amont au niveau de l’opérateur de télécommunications, mais en aval au niveau des internautes. Par ailleurs, il est tout à fait envisageable de coupler les deux méthodes, même si cela peut apparaître redondant. Il suffit d’appliquer aux sites de liens BitTorrent les mêmes méthodes que celles appliquées aux malwares.
Le développement d’une liste noire des sites de liens BitTorrent entraîne un certain nombre de points à éclaircir. D’abord, il faudra remporter l’adhésion des éditeurs eux-mêmes. En pleine bataille pour conquérir de nouveaux internautes, il n’est pas certain que cette fonctionnalité soit particulièrement mise en avant dans une prochaine note de mise à jour. Et il faudra d’abord les convaincre de l’installer.
Ensuite, il faut songer aux nombreux autres navigateurs web disponibles. Si cinq sortent clairement du lot (Firefox, Chrome, Safari, Opera et Internet Explorer), il en existe beaucoup d’autres. Il faudra que tous adoptent volontairement ces listes pour qu’elles fonctionnent. Il suffit qu’un seul navigateur refuse, pour que tout le château de carte s’effondre. En particulier s’il s’agit d’un des principaux navigateurs.
Les difficultés ne s’arrêtent pas là. S’il est difficile de remplacer un FAI, il est moins dur de concevoir son propre navigateur web. Au moment où les éditeurs accepteraient une telle mesure, il est évident que des solutions alternatives et libres seraient très rapidement développées. Au final, la proposition d’une liste noire n’affecterait que ceux ne sachant pas changer de navigateur web – et tous ne fréquentent pas les réseaux P2P.
Enfin, reste à savoir qui décidera quels liens sont à bloquer. Les ayants droit ? Les autorités ? Les éditeurs ? Et surtout, quid des téléchargements légaux effectués via les sites de liens BitTorrent ? Car si des contenus piratés circulent sur les réseaux peer-to-peer, il y a également de nombreuses œuvres placées sous licence libre. Que ce soit de la musique, des séries TV, des films ou des logiciels.
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