C’est la semaine prochaine, les 24 et 25 mai, que se tiendra le premier forum du G8 consacré à Internet. À cette occasion, plusieurs personnalités de la Silicon Valley, des opérateurs télécoms, des entrepreneurs, des chefs d’entreprise ou encore des ingénieurs seront conviés à débattre de plusieurs thématiques, à travers des sessions plénières et des séances de travail en groupes plus restreints.
Le communiqué de presse de Publicis, en charge d’organiser cet évènement, indique ainsi que « l’e-G8 se concentrera d’abord sur l’impact économique d’Internet« , avant de s’intéresser « à la question des mutations des secteurs traditionnels sous l’effet des TIC« . Le forum « abordera également les conditions favorables à l’innovation dans l’économie numérique » et de « l’impact social d’Internet » avant de s’interroger sur « les bonnes pratiques, les nouveaux usages ainsi que les technologies de rupture qui feront l’Internet de demain« .
Des thématiques forcément attrayantes mais qui masquent, selon la Quadrature du Net, le véritable enjeu de ce tout premier e-G8 : la gouvernance et le contrôle d’Internet. Dans un communiqué publié ce mardi, l’initiative citoyenne dénonce la tenue de ce forum international qui n’est en réalité là que pour servir d’écran de fumée aux gouvernements du G8.
La Quadrature du Net rappelle que Nicolas Sarkozy, en tant que président du pays hôte, a fait campagne tout au long de l’année pour imposer le thème de « l’Internet civilisé » à l’agenda de l’e-G8. Trouvant ses origines dans le modèle chinois du contrôle d’Internet, cette notion s’inscrit dans une politique plus globale de contrôle d’Internet, à travers différents textes de lois et projets internationaux.
« Nous allons mettre sur la table une question centrale, celle de l’Internet civilisé. Je ne dis pas de l’Internet régulé, je dis de l’Internet civilisé. C’est de l’intérêt de tout le monde. On ne peut pas d’un côté consommer comme jamais des images, de la musique, des auteurs, de la création, et ne pas assurer le respect du droit de propriété de celui qui a mis toute son émotion, tout son talent et toute sa créativité. Le jour où on ne rémunère plus la création, on tue la création » avait déclaré Nicolas Sarkozy.
La Quadrature du Net rappelle ainsi plusieurs actualités qui démontrent les tentatives des gouvernements de reprendre la main sur le réseau des réseau. Récemment, c’est un document de travail rédigé par une branche du Conseil Justice et Affaires Intérieures qui a défrayé la chronique. Il est en effet proposé ni plus ni moins de créer une sorte d’espace Schengen virtuel afin de bloquer certains sites web ou contenus.
L’initiative citoyenne rappelle également l’existence d’une proposition de loi controversée aux Etats-Unis, destinée à « protéger le cyberespace comme un intérêt national ». Le texte, surnommé « Internet kill switch », doit offrir de nouveaux pouvoirs au président américain pour intervenir sur Internet en cas de grave crise. Il pourrait notamment avoir la main sur les fournisseurs d’accès et sur certains services en ligne.
Il y a également le fameux accord commercial anti-contrefaçon (ACTA), qui a été publié en novembre dernier par les USA. Depuis, le Parlement européen a adopté une résolution se félicitant du résultat obtenu par les négociateurs, ouvrant par la même occasion la voie à la ratification de l’accord. L’ACTA reste un traité très critiqué, même si le chapitre Internet a été partiellement réduit.
La Quadrature du Net évoque enfin le cas Wikileaks. On se souvient qu’en décembre, le ministre en charge de l’économie numérique, Eric Besson, en avait appelé au Conseil général de l’industrie, de l’énergie et des technologies du CGIET pour déterminer les voies légales et techniques permettant d’empêcher l’hébergement de Wikileaks par un prestataire français. Les conclusions du CGIET demeurent à l’heure actuelle un mystère.
« Le forum eG8 est un écran de fumée pour couvrir le contrôle accru des gouvernements sur l’Internet. C’est un moment crucial de l’histoire où les citoyens doivent se mobiliser pour garder le contrôle d’un Internet ouvert et universel. Les tentatives visant à faire du net un outil de répression et de contrôle doivent être combattues par tous les moyens d’expression et de création » a expliqué Jérémie Zimmermann, cofondateur de la Quadrature du Net.
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