La restriction de l’écoute gratuite à 5 heures par mois sur Deezer a fait couler beaucoup d’encre. Annoncée en début de semaine, cette limitation a montré que le modèle économique actuel, la musique gratuite financée par la publicité n’a pas suffi à rentabiliser durablement la plate-forme… et à payer les sommes réclamées par les ayants droit. Une fragilité qui était déjà apparue il y a cinq ans, avec le service SpiralFrog.
Face à la gronde des internautes, Deezer s’est fendu d’un communiqué vendredi pour expliquer les raisons qui l’ont poussé à mettre en place des limites sur son service d’écoute de musique en streaming. Pour la plate-forme, cette décision était inévitable face au nécessaire développement de son activité et aux demandes des maisons de disques. Des coûts que la publicité ne pouvait plus couvrir, assure Deezer.
« Permettre l’accès gratuit et légal à 10 millions de titres a été pour nous depuis quatre ans un investissement gigantesque : nous rémunérons les producteurs et les artistes sur chacune de vos écoutes. […] Aujourd’hui, malheureusement nous n’avons plus les moyens de continuer à investir sur un service gratuit illimité alors que les attentes des artistes, des auteurs et des maisons de disques sont croissantes« .
« Chaque année, nous devons trouver un nouvel équilibre avec tous ces acteurs » poursuit Deezer, qui indique que la solution actuelle de restreindre l’écoute gratuite « a été acceptée par la plupart des acteurs de la musique« . « Si nous ne l’avions pas fait, nous n’aurions plus été en mesure de diffuser certains catalogues et votre mécontentement aurait été encore plus important« .
Le risque de perdre certains catalogues n’est toutefois pas totalement écarté. La principale maison de disques française, Universal Music, a déposé une plainte en référé auprès du TGI de Paris contre Deezer, l’accusant de contrefaçon. La major réclame en parallèle des restrictions plus sévères, comme un nombre maximal d’écoutes par titre, à l’image de la politique pratiquée par Spotify (5 écoutes au maximum par musique).
Le plafonnement des écoutes est un principe ardemment défendu par Pascal Nègre, le PDG d’Universal Music. « Quand on voit des gens qui écoutent 35 fois la même chanson, vous vous dites qu’au bout d’un moment, le gars, il faut qu’il aille acheter le titre. […] Quatre écoutes, c’est suffisant pour savoir si on veut acheter un titre« . Le compromis obtenu par Deezer n’a apparemment pas suffi à la major.
La situation semble particulièrement critique. Interrogé par Frenchweb lors du forum eG8, le directeur de Deezer a évoqué en compagnie de Xavier Niel, dirigeant d’Iliad (la maison-mère de Free) et actionnaire de la plate-forme de streaming, le risque d’une disparition future du service. Ce qui serait un comble pour un site qui a été dressé en exemple d’offre légale par le gouvernement et les maisons de disques, lors des débats de la loi Hadopi au parlement.
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