Régulièrement, depuis une décennie, l’industrie culturelle répète à l’envi ce qui semble logique au quidam : pirater c’est voler. « Sans Hadopi, pas de Emma Leprince en 2021« , dit la pub. « Le piratage nuit à la création artistique« , répètent les FAI dans leurs contrats d’abonnement, comme le leur impose la loi. Mais est-ce bien vrai ? Les études ne manquent pas pour mettre en doute ces affirmations, y compris en France, que ce soit avec les travaux de l’Université de Rennes (complétés l’an dernier) ou ceux du chercheur Patrick Waelbroeck, recruté par l’Hadopi. Cette dernière avait elle-même découvert, dans son étude livrée en janvier dernier, que « les internautes déclarant un usage illicite ont une dépense (de biens culturels) légèrement supérieure à la moyenne« , et qu’ils « sont moins nombreux que la moyenne à déclarer » aucune dépense « « .
En juin dernier, les autorités allemandes avaient fait fermer le site Kino.to, qui référençait des liens permettait de voir des films en streaming. Une dizaine de personnes avaient été arrêtées, et « les internautes qui ont piraté ou distribué illégalement des copies de films pourront être poursuivis en justice« , prévenait un message affiché en lieu et place du site.
Mais parallèlement, nous apprend Telepolis (en allemand), une étude avait été commandée au très sérieux cabinet Gfk pour démontrer l’impact négatif de Kino.to sur l’industrie cinématographique. Or, ajoute le magazine, l’étude aurait été trappée par le commanditaire, dont on ignore le nom, parce qu’elle montrait un résultat exactement contraire à celui présumé. Les pirates utilisateurs de Kino.to iraient en fait plus souvent au cinéma, achèteraient plus facilement les places au tarif plein, et achèteraient davantage de DVD que les autres. Ils auraient aussi tendance à acheter le DVD après avoir regardé le début d’un film en streaming.
Alors que l’étude aurait dû être publiée, le client de Gfk a exercé son droit de retrait, et enterré les résultats qui contredisent des années de propagande. S’ils continuent à lutter contre le piratage, malgré les études qui démontrent régulièrement ses effets positifs sur la consommation globale, c’est parce que les studios livrent une bataille plus générale de contrôle de la distribution. C’est là la clé. C’est elle qui leur fait refuser toute licence globale, qui autoriserait des millions de citoyens à distribuer eux-mêmes la musique ou les films qu’ils aiment. Qui contrôle la distribution contrôle l’offre, donc la concurrence. Le piratage n’est pas un problème culturel, bien au contraire, mais un problème commercial et industriel.
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