Ce matin, nous réagissions vivement à l’annonce du Conseil National du Numérique de son intention de lancer une « évaluation des programmes des candidats aux présidentielles« . En effet, il nous semble particulièrement incongru qu’une instance nationale dont les membres sont désignés par le Président de la République puisse être amenée à donner son point de vue sur la qualité des programmes des candidats à la prochaine présidence de la République. Laquelle devra décider de renouveler ou non le mandat des actuels membres du Conseil, en 2013.
Le Conseil National du Numérique, qui n’a toujours pas les crédits lui permettant de communiquer plus formellement, a réagi sur Twitter. Il « n’a évidemment pas pour vocation de noter les programmes des partis politique mais de les pousser à expliciter leurs propos numériques« , a indiqué l’organe consultatif dont les membres se composent exclusivement d’entrepreneurs et hauts responsables d’entreprises.
Voilà qui ressemble à un rétropédalage en règle, ou à un couac de communication. Si le CNNUm veut uniquement pousser les candidats à préciser leur agenda numérique (mais est-ce son rôle ?), pourquoi avoir parlé d’une « évaluation » ?
Par ailleurs, le simple fait de poser des questions aux candidats et/ou de les amener à préciser certains points est en soit une manière d’orienter les débats et les priorités de gouvernance. Selon les questions qui seront posées ou au contraire évitées, les candidats seront amenés à livrer des promesses sur des sujets qui auront été sélectionnés par le Conseil National du Numérique.
Plutôt que de s’obstiner sur une mauvaise idée, fut-elle pavée des meilleures intentions, nous ne saurions que conseiller au Conseil de retirer complètement son projet, et de laisser ces initiatives à des lobbys dont les objectifs sont clairement affichés. Le site Candidats.fr, par exemple, pousse les candidats à détailler leurs propositions en matière de logiciel libre et de libertés numérique. Or le site est notoirement créé par l’April, dont l’objet social est précisément de défendre le logiciel libre. Il n’y a là rien de choquant, puisque les intérêts défendus sont clairement affichés.
Au contraire, le CNNum, du fait de sa composition et de son mode de nomination, aura du mal à écarter le soupçon derrière son apparente neutralité. Il sera sans arrêt suspecté, à tort ou à raison, de ménager tel ou tel candidat, d’éviter tel ou tel sujet, ou d’entraîner les candidats à défendre telle ou telle position. Ce qui n’est pas souhaitable pour une institution publique, qui a pour circonstance atténuante d’avoir été « lâchée dans la nature » sans accompagnement depuis sa création, et qui n’a donc reçu aucune culture administrative.
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