Nicolas Sarkozy, qui s’émouvait vendredi de la crise traversée par les employés des usines de pressage de CD et DVD légaux, aura-t-il la larme à l’oeil en pensant à ces Chinois qui, eux aussi, ont perdu leur emploi dans le démantèlement d’usines de CD et DVD pirates ? Il est permis d’en douter, même s’il serait difficile de le lui reprocher.
De plus en plus active dans la lutte contre la contrefaçon, la Chine a fait savoir qu’elle avait procédé sur le seul premier semestre 2011 à la fermeture de 663 ateliers produisant des contenus culturels piratés (livres, albums musicaux, logiciels, films…). Selon Contrefaçon-Riposte, qui rapporte l’information, les autorités du pays auraient saisi « 13 millions de vidéos, d’œuvres musicales et de produits imprimés illégaux depuis un an« .
Si les chiffres bruts sont impressionnants, ils sont toutefois à relativiser face au gigantisme du pays. 13 millions de contenus saisis, c’est moins de 0,1 contenu piraté par habitant.
Le communiqué de l’agence officielle chinoise Xinhua précise par ailleurs que lors de sa dernière campagne d’opérations de démantèlement, la police a arrêté près de 10 000 suspects répartis dans 4500 « groupes criminels », et qu’elle a résolu 17 000 affaires de contrefaçon. Or l’on voit bien, par le nombre et la petitesse des groupes en question – guère plus de 2 suspect par groupe, qu’il ne s’agit pas d’un piratage organisé à l’échelle industrielle, mais plutôt d’une maille de petits ateliers clandestins sans grande prétention. Sans doute pour ces individus, les arrestations auront tel un impact important. Pour la lutte contre le piratage en revanche, il est permis d’en douter.
Comme les usines de CD et DVD légaux en France, les usines illégales de CD et DVD en Chine pâtiront elles-aussi de l’évolution technologique qui déporte les contenus (piratés ou non) vers des fermes de serveurs. Si les clients des usines pirates ne trouvent plus les produits sur les marchés, ils iront les rechercher là où ils ont migré.
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