Existe-t-il plus frustrant et énervant au monde que de se sentir impuissant devant la mort annoncée et pourtant évitable d’un homme ? Sauf très improbable retournement de situation, Troy Davis vit aujourd’hui ses dernières heures de vie. La justice américaine a jugé qu’il était juste et raisonnable de tuer froidement un homme accusé, sans preuve matérielle, et malgré la rétractation de sept des neuf témoins, d’avoir abattu un policier en 1989. Alors que l’arme du crime n’a jamais été retrouvée, qu’il n’existe aucune empreinte digitale ni trace d’ADN, que l’homme a toujours clamé son innocence , et que des témoins rétractés ont fait part des pressions qu’ils avaient subi pour désigner ce « coupable idéal », Troy Davis sera exécuté à 1 heure du matin heure de Paris.
Ca n’est pas la justice, c’est un crime. Probablement raciste. Un crime auquel le monde entier assiste sans n’y rien pouvoir.
Cette impuissance est particulièrement criante sur Twitter, où les messages en faveur de la libération de Troy Davis déferlent toute cette journée, avec des centaines voire des milliers de messages par seconde. Certains appellent à prier, d’autres continuent d’appeler à l’annulation de l’ordre d’exécution. Tous ou presque crient à l’injustice et à la barbarie. Mais la poignée d’hommes qui peuvent y changer quelque chose ont décidé de ne rien faire.
La diplomatie française aussi, participe au bruit ambiant. « La France appelle une dernière fois le procureur et les autorités de Géorgie à arrêter son exécution« , a publié en début d’après-midi @FranceDiplo, le compte officiel du ministère des affaires étrangères. Il pointe vers la transcription du point de presse à l’occasion duquel le porte-parole d’Alain Juppé a déclaré qu’en « exécutant un condamné sur la culpabilité duquel pèsent des doutes sérieux, (les autorités de Géorgie) commettraient une faute irréparable« .
Jamais cependant la diplomatie française n’accuse les Etats-Unis. Elle se contente d’accuser la Géorgie. C’est pourtant bien sur les Etats-Unis qu’il faut faire porter l’accusation et la honte. C’est au niveau fédéral que doit s’ouvrir enfin un véritable travail d’abolition de la peine de mort. Il ne reste dans le monde « que » 56 pays à pratiquer encore la peine de mort. Des principales puissances mondiales, il ne reste que les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, et le Japon. La France, elle, peut être fière de faire partie des 94 pays qui ont décidé d’abolir la peine de mort.
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