La surveillance de la puissance publique par les citoyens est une pratique assez récente en France. Ce mouvement, né aux États-Unis, consiste à effectuer un contrôle aussi permanent que possible des actions de la police afin de prévenir tout dérapage ou, à défaut, de les dénoncer au plus vite. L’objectif des membres de CopWatch étant de mettre un terme aux violences policières qui peuvent parfois survenir.
En France, le site CopWatch Nord IDF est dans le collimateur du ministère de l’Intérieur. La place Beauvau, qui est loin d’apprécier l’ampleur que prend le mouvement CopWatch, souhaite obtenir le blocage immédiat du site par les fournisseurs d’accès à Internet. Le ministère a déposé en ce sens un référé auprès du tribunal de grande instance de Paris.
Pour souligner l’urgence de la situation, le ministère de l’Intérieur a opté pour un référé d’heure à heure. Cela signifie que l’évènement nécessite de ne pas respecter les délais normaux de convocation à l’audience. Dans le collimateur des services de Claude Guéant se trouvent plusieurs « pages diffamatoires et injurieuses » que le gouvernement veut filtrer.
Selon un porte-parole du ministère de l’intérieur, la mise en ligne de photos et de vidéos dans le cadre de CopWatch met « en péril la sécurité des fonctionnaires de police et des militaires de la gendarmerie« . L’AFP, qui rapporte l’information, cite la menace qu’a reçu un policier en découvrant une cartouche de fusil de chasse dans sa boîte aux lettres. Ce policier, qui a porté plainte, assure être « fiché » sur CopWatch.
De nombreuses plaintes ont été déposées par d’autres policiers, réclamant le retrait des éléments permettant de les identifier (nom, photos…). Dans les vidéos publiées sur YouTube par CopWatch, il apparaît que les policiers n’apprécient pas du tout être filmés et profèrent des injures et des menaces contre les personnes en train de les filmer dans l’exercice de leur fonction.
La demande expresse du ministère de l’intérieur de bloquer CopWatch porte en elle un risque certain pour la liberté d’expression et le droit de demander des comptes au gouvernement. Le blocage des sites web apparaît en effet ici comme une arme utilisée par l’exécutif pour limiter la portée d’initiatives contestant l’action de la puissance publique ou cherchant à la forcer à la retenue.
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