Les jeux vidéo violents rendent-ils les joueurs plus agressifs ? La question intéresse depuis des années de nombreux chercheurs, qui publient régulièrement des rapports et des études sur le sujet. Mais si le sujet est récurrent, et passionnant, les conclusions de ces travaux sont souvent contradictoires, comme le montre les conclusions du laboratoire universitaire de psychologie de l’UPMF à Grenoble.
Interrogé par le Dauphiné Libéré, le directeur du laboratoire, qui a dirigé cette étude, est formel. « Les jeux vidéo violents constituent un véritable facteur de risque violent. […] Certes, les effets ne sont pas spectaculaires, mais ces effets n’en sont pas moins réels. On note ainsi très clairement une augmentation de l’irritabilité, mais aussi une hausse des agressions verbales et des petits comportements brutaux » explique Laurent Bègue.
Pour en arriver à cette conclusion, qui a été publiée dans la revue scientifique Journal of Experimental Social Psychology, Laurent Bègue et son équipe ont demandé à 136 étudiants – hommes et femmes -, « qui n’avaient pas de rapports particuliers » avec les jeux vidéo, de faire une partie. Pour comparer l’attitude des joueurs, deux catégories de jeux ont été utilisées.
La première a regroupé des titres violents du marché, tandis que la seconde a réuni des jeux dits non violents, mais provoquant une grande excitation, comme les jeux vidéo de course automobile. Résultat, des attitudes hostiles chez certains sujets exposés aux jeux vidéo violents sont apparues au bout de 20 minutes, selon l’étude du laboratoire de psychologie.
Preuve en est, lors du test du choc sonore. Ceux ayant joué aux jeux violents acceptaient plus facilement d’infliger des doses de décibels plus importantes et plus longues que ceux ayant passé plusieurs minutes à faire des tours de piste. Ce serait le signe, selon Laurent Bègue, de l’impact négatif des jeux vidéo sur le comportement humain, déplorant ainsi « l’augmentation du niveau moyen d’insensibilité à la souffrance« .
La méthodologie décrite par le Dauphiné Libéré laisse toutefois perplexe. Une seule méthode d’analyse (le choc sonore) a visiblement été employée, et le nombre de sujets est finalement assez restreint : moins de 140 personnes, pour une activité qui concerne des millions de personnes. Il convient donc de prendre une certaine distance avec les conclusions de l’étude, d’autant que coïncidence ne veut pas dire causalité.
À l’inverse, rappelons l’existence de travaux menés en France et à l’étranger qui se sont aussi intéressés au comportement des joueurs et qui ont sysématiquement relevé l’absence de liens clairs entre l’agressivité et la pratique du jeu, même lorsque celui-ci est violent.
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