Invitée dimanche sur Canal+, Eva Joly a estimé que les Anonymous menaient un « combat valeureux », mais a condamné certaines méthodes comme la divulgation de données personnelles de policiers. Elle réaffirme par ailleurs sa volonté d’abroger toute vision répressive du partage des oeuvres sur Internet.

La candidate d’Europe Ecologie Les Verts soutient le combat des Anonymous, au moins sur le fond à défaut d’être en accord sur la forme. « Les Anonymous mènent un combat valeureux et leur cause est juste, mais les moyens qu’ils utilisent sont contestables« , a-t-elle déclarée sur le plateau de Dimanche+, alors qu’elle était interrogée sur la divulgation des données personnelles de 541 policiers français. « Publier la liste des policiers avec leurs données personnelles n’est pas acceptable« , tranche l’ancienne magistrate.

Mais, prend-t-elle soin de nuancer, « il faut bien se rendre compte combien les armes sont inégales, combien les lobbys ont investi des milliards pour obtenir des lois comme ACTA (en fait un accord international en cours de ratification, ndlr), ou des lois aux Etats-Unis qui les protègent« .

« C’est sous prétexte de protéger les artistes que l’on fait voter des lois qui en réalité protègent l’industrie multinationale du show-business« , insiste Eva Joly. Elle rappelle qu’elle a travaillé chez Barclay (elle a été secrétaire d’Eddy Barclay), et se souvient de la redistribution du chiffre d’affaires généré à l’époque par les ventes de disques, selon des clés de répartition qui n’ont pas beaucoup évolué. « Les artistes débutants c’était 6 %, les artistes confirmés c’était 15 %. Et donc pour assurer cette petite rémunération-là, on fige un univers qui ne demande qu’à se développer et qu’à partager« , déplore-t-elle.

« Anonymous mène un combat qui est juste contre des lobbys très puissants« , dit-elle chez Canal+, dont la maison-mère Vivendi a été victime d’une attaque en représailles de la fermeture de MegaUpload. « A nous de trouver de nouvelles solutions pour l’Internet, qui ne soient pas répressives« , conclut-elle.

Dans son projet (.pdf), EELV promet de « promouvoir le partage des biens communs et la protection des droits des internautes, en abandonnant les politiques répressives et sécuritaires de type DADVSI, HADOPI ou ACTA« . Au lendemain de la fermeture de MegaUpload, Evay Joly avait dit vouloir « la légalisation du partage entre individus associée à la constitution d’une contribution à la création« , c’est-à-dire l’instauration d’une licence globale capable de générer « un milliard d’euros » par an.

Mais sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, EELV traîne le boulet de l’accord de gouvernement signé avec le Parti Socialiste, dont le candidat François Hollande rejette toute licence globale. Le texte de l’accord EELV-PS (.pdf) ouvrait la porte à tous les possibles, puisqu’il se contente de dire que « nous abrogerons la loi Hadopi au profit d’une approche qui assurera le financement des œuvres« . Or François Hollande a maintenant dessiné les contours de cette approche. Il s’agira de continuer à pénaliser le partage des œuvres, tout en créant de nouvelles taxes au bénéfice des ayants droit.

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