Grâce à ses algorithmes à la qualité incontestable et à une ergonomie longtemps inégalée, Google s’est imposé presque partout dans le monde comme le moteur de recherche incontournable, que les internautes utilisent aussi bien par choix que par réflexe. Mais la puissance de l’entreprise américaine et sa main-mise sur les données personnelles des internautes peut faire peur.
D’un point de vue plus sociétal, le fait que tous les internautes arrivent peu ou prou aux mêmes résultats pour les mêmes questions peut aussi avoir des effets que l’on mesure encore mal, en terme de diversité des connaissances et des opinions. La puissance de Google est autant économique et technologique que culturelle.
Que ce soit pour mieux protéger sa vie privée ou par militantisme contre l’hégémonie d’un acteur accusé d’abuser de sa position dominante, il y a beaucoup de raisons différentes de chercher à se rendre indépendant de Google. Si vous recherchez une alternative à Google, voici donc une sélection de moteurs de recherche alternatifs qui pourront vous rendre service.
Qwant
Qwant est le concurrent « made in France » de Google. Lancé en 2013 après deux ans de développement, le moteur de recherche a connu sa première véritable mue au printemps dernier puis a lancé des déclinaisons spécialisées de son outil : l’une d’entre elles présente un habillage très minimaliste (Qwant Lite), tandis qu’une autre est pensée pour être utilisée par les enfants, avec un filtrage des résultats (Qwant Junior).
Si Qwant mise en France sur le fait d’être un service français pour essayer de séduire les internautes, d’autres arguments plus fondamentaux sont à mettre en avant. Outre la refonte générale du site il y a un peu moins d’un an, justifiée par des considérations de lisibilité, d’esthétique et d’efficacité, la société met en avant son respect scrupuleux de la vie privée des internautes avec une collecte de données personnelles aussi minime que possible.
Doté depuis 2015 d’un design adaptatif (« responsive design »), c’est-à-dire dont l’interface s’adapte aux dimensions de l’écran, Qwant arbore une page d’accueil fournie, avec une barre latérale incluant les options de tri d’une recherche (web, photos, vidéos, etc) et une mosaïque centrale indiquant les tendances du jour (il s’agit de l’actualité ou des nouvelles de Qwant lui-même).
Des suggestions sont proposées lors de la recherche, à mesure que la requête est tapée au clavier. Outre les rubriques habituelles, un onglet particulier, baptisé « carnets », est dédié à des contenus organisés par thème. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une recherche mais plutôt d’une exploration d’un sujet, qui peut aller de Tolkien à l’économie, en passant par le support, le respect de la vie privée et la musique.
Contrairement aux autres moteurs, Qwant affiche ses résultats sur plusieurs colonnes côte à côte. La première regroupe les résultats issus du web, la deuxième est un encadré synthétique issu de Wikipédia présentant le profil de ce qui est recherché, la troisième liste les liens en rapport avec l’actualité et la quatrième montre l’intérêt des internautes sur ce sujet en mettant en lumière l’activité sur les réseaux sociaux.
DuckDuckGo
DuckDuckGo est un moteur de recherche qui connaît une notoriété croissante depuis deux ans, grâce aux révélations d’Edward Snowden sur la surveillance électronique. Se plaçant sur le terrain de la protection des données privées, DuckDuckGo indique ne faire aucun pistage de ses utilisateurs (DontTrack.Us) et ajoute qu’il ne les enferme pas dans une « bulle » de résultats (DontBubble.Us). C’est-à-dire qu’il ne cherche pas à afficher les résultats qui confortent l’utilisateur dans ses opinions ou ses centres d’intérêt, ce qui peut avoir des effets pervers.
Bénéficiant d’une interface revue et corrigée au cours du printemps 2014, DuckDuckGo assure être rentable sans avoir besoin de suivre les internautes à la trace. C’est aussi en 2014 que ce moteur est apparu dans Firefox comme alternative à Google, avant d’être ajouté dans iOS 8 et OS X Yosemite. Toutefois, la pertinence des résultats sur DuckDuckGo n’est pas toujours au rendez-vous, surtout sur les recherches francophones.
En ce qui concerne l’interface, DuckDuckGo affiche un look minimaliste à la Google. Le logo, la barre de recherche et un bref rappel de la tâche que s’est assigné le site : s’interdire d’espionner ses utilisateurs. En cherchant un peu, on peut toutefois faire surgir un menu en haut à droite afin de modifier le thème de la page, accéder aux paramètres avancés ou voir des informations sur DuckDuckGo.
Pour la recherche, des propositions sont proposées à mesure que l’utilisateur renseigne sa requête. Les options de tri ne sont pas proposées sur la page d’accueil : il faut valider sa recherche pour les voir (recherche par image, par vidéo ou par produit ; géolocalisation ou non). Un cadre horizontal d’information peut apparaître en haut de l’écran pour délivrer des indications supplémentaires, comme le Knowledge Graph de Google.
Sur les résultats, DuckDuckGo fait dans la sobriété. Tout est écrit en noir. Les résultats sont placés dans une colonne étroite placée à gauche et fonctionnent selon le principe du défilement infini : plus vous descendez, plus vous verrez de nouveaux résultats à consulter. DuckDuckGo n’organise donc pas ses résultats dans des pages. Enfin, on trouve aussi de la publicité juste sous la recherche.
Gros avantage à signaler, qui fait la force de DuckDuckGo : les bangs et les hacks. DuckDuckGo ouvre sa plateforme aux développeurs, qui peuvent développer de mini applications pour répondre aux requêtes. Les bangs permettent d’effectuer une recherche sur un site visé (par exemple commencer la recherche par « !amz » pour rechercher Amazon), tandis que les hacks complètent le Knowledge Graph. Le site a ainsi plus de 650 types de requêtes auxquelles il sait répondre directement.
Bing
Bing est sans aucun doute le principal adversaire de Google. Édité par Microsoft à la fin des années 2000 et désormais très intégré à Windows 10, il propose des fonctionnalités très proches de celles fournies par Google. C’est aussi Bing qui gère le moteur de recherche de Yahoo (ce qui lui permet au passage d’ajouter la part de marché de Yahoo à la sienne dans les classements).
Mais Bing a aussi les mêmes travers que Google, en particulier pour le suivi publicitaire similaire à Google, qui lui enlève tout intérêt pour celui qui met en haut de ses priorités la protection de sa vie privée.
Du côté de l’interface, Bing tranche avec Google avec un design plus chargé. Pas de fond blanc : à la place, une nouvelle image est proposée chaque jour en fond d’écran (qu’il est possible de télécharger sur son PC), ce qui permet du même coup à Microsoft de faire découvrir un sujet aux visiteurs. Par exemple dans l’illustration ci-dessus, il s’agit d’une carouge à épaulettes, aperçue à Minneapolis, dans le Minnesota.
En terme de recherche, Bing propose des suggestions lors de la saisie mais les options avancées ne sont pas accessibles sur la page d’accueil. Il faut d’abord valider une requête pour pouvoir ensuite filtrer selon le contenu (web, images, vidéos, cartes, actualités), la date, la langue et le pays. Sur le côté, quand la requête s’y prête, un cadre similaire au Knowledge Graph de Google fournit des indications additionnelles.
La page de résultats de Bing est très proche de Google dans sa présentation. Même le code couleur est repris, avec les titres en bleu, les adresses en vert et la description en noir. Les résultats sont rassemblés dans une colonne étroite qui est située à gauche de l’écran. Les publicités (qui sont ciblées, en se basant sur les données personnelles) encadrent les résultats, en haut et à droite de la colonne.
En somme, Bing est un Google-like pour ceux qui ne veulent pas utiliser le vrai Google.
Framabee
Dans sa stratégie de dégoogliser le web, Framasoft propose une liste de logiciels libres qui peuvent remplacer au pied levé les solutions fournies par des entreprises comme Google, Facebook, Twitter, YouTube, Skype ou encore Dropbox. Mais ce n’est pas tout : l’association a aussi mis sur pied un méta-moteur, baptisé Framabee, qui se propose de rechercher à votre place des informations sur d’autres moteurs de recherche.
C’est en effet un méta-moteur. L’intérêt ? Regrouper dans une interface dédiée les résultats de Google « mais sans conserver d’informations sur les utilisateurs ». « Framabee ne vous trace pas, ne partage aucune donnée avec un tiers et ne peut pas être utilisé pour vous compromettre », poursuit le site. Framabee joue ainsi un rôle d’écran protecteur entre vous et les moteurs de recherche consultés.
Framabee présente une page d’accueil très fournie. Le moteur de recherche est intégré dans le site de l’association, et reprend donc son interface. Outre un header et un footer, des encadrés sont affichés pour expliquer le rôle de Framabee, son fonctionnement et la manière de le développer. Les options de recherche (par fichier, par image, etc) sont proposées dès la page d’accueil, tout comme les préférences.
Aucune suggestion de recherche n’est proposée au fil de la frappe. Les résultats ne sont pas fournis directement par Framabee. Le site se contente d’interroger d’autres sites (de Google à Bing, en passant par Wikipédia et Yahoo), en affichant pour chaque résultat une indication de sa provenance. Les sites peuvent être atteints en cliquant dessus. À aucun moment, l’utilisateur n’est redirigé sur un autre moteur.
Contrairement à beaucoup d’autres moteurs de recherche, les résultats sont centrés. Il est possible de filtrer la recherche par rubrique (photo, vidéo, etc) et des encadrés situés sur le côté droit permettent d’avoir un résumé de votre recherche (cela va des suggestions de recherche aux informations tirées de Wikipédia, en passant par des outils permettant de garder en favori la page ou de la télécharger dans un format particulier).
Wolfram Alpha
Wolfram|Alpha n’est pas tout à fait un moteur de recherche. Son fonctionnement atypique le rapproche plutôt d’un moteur de réponse. S’il n’est pas adapté à une requête classique (comme la recherche d’une adresse web par exemple), il s’avère performant pour obtenir des informations sur un personnage historique, donner des définitions diverses, effectuer des calculs et répondre à des questions.
La qualité du travail fourni par Wolfram|Alpha n’est d’ailleurs pas passé inaperçu chez la concurrence, visiblement convaincue par la pertinence des résultats. Des accords ont été passés avec Bing et DuckDuckGo pour pouvoir fournir des réponses aux questions des internautes. Des partenariats du même genre ont aussi été tissés avec Apple (pour Siri) et BlackBerry afin de traiter des requêtes prononcées oralement.
Hélas, l’interface proposée par Wolfram|Alpha n’est qu’en anglais. Il est certes possible de passer des requêtes en français, mais les résultats seront donnés avec des indications dans la langue de Shakespeare. Si vous avez un petit bagage linguistique, vous ne devriez pas être trop perdus. Par contre, pas de souci du côté des calculs, les symboles des opérations en math étant universellement compris.
La page d’accueil liste 30 domaines différents dans lesquels Wolfram|Alpha est capable de donner des résultats. Cela va des mathématiques aux transports, en passant par l’art, la musique, la chimie, la météo ou encore la culture. Et pour chaque rubrique, des exemples sont donnés. En math, on peut par exemple faire des calculs, résoudre une équation, faire de la logique, établir une fonction ou encore demander une définition.
Concernant les résultats et la recherche, il est délicat de jauger Wolfram|Alpha puisqu’il ne travaille pas comme un moteur classique. Cela dit, la précision de ses réponses dépend bien sûr de la qualité des requêtes qui lui sont transmises (comme tout moteur, en fait). Le choix des mots-clés est donc important, même si sur une recherche d’un personnalité, le site a tendance à délivrer tout ce qu’il sait.
StartPage
Né en 2009, StartPage mise sur la confidentialité de son service pour se faire une place parmi la concurrence. Le service a pris la succession de Ixquick, qui avait reçu l’année précédente une distinction, le label pour la protection des informations personnelles, des mains du contrôleur de la protection des données pour l’Europe, prouvant ainsi ses efforts en la matière.
Concrètement, lors d’une recherche, StartPage assure qu’il n’enregistre ni l’adresse IP ni les informations personnelles des visiteurs. Aucun cookie n’est laissé sur le PC de l’usager et les recherches sont protégées des indiscrétions avec le chiffrement du trafic (HTTPS). On note toutefois au cours d’une requête que de la publicité fournie par Google est susceptible d’apparaître dans les pages de résultat.
StartPage arbore une interface très épurée. Contrairement à d’autres moteurs, il ne propose aucune suggestion pendant la frappe d’une requête. Des paramètres de recherche sont en revanche proposés directement sur la page d’accueil (recherche sur le web, d’images, de vidéos, réglages avancés) ainsi que des options permettant de faire de StartPage son moteur de recherche par défaut ou de l’installer dans son navigateur.
Une colonne resserrée, des liens commerciaux en haut d’une recherche et code couleur qui n’est pas sans rappeler celui utilisé par Google. StartPage ne déstabilisera les adeptes de la firme de Mountain View. Des recherches associées et des filtres par date pour ne garder que les résultats récents sont également proposés.
Côté résultat, StartPage s’appuie sur les ressources de Google mais en agissant comme un filtre pour préserver vos données personnelles. « Lorsque vous effectuez une recherche avec StartPage, nous supprimons tous les renseignements d’identification provenant de votre requête et l’envoyons nous-mêmes anonymement à Google. Nous obtenons les résultats et nous vous les transmettons en toute confidentialité »
YaCy
Dans cette sélection, YaCy fait figure d’OVNI. En effet, il s’agit d’un moteur de recherche décentralisé reposant sur le principe du peer-to-peer (P2P), une technologie décentralisée que l’on connaît plutôt chez les amateurs de logiciels de partage de fichiers comme eMule ou BitTorrent. Plutôt que de passer par des serveurs centraux, YaCy fait de chaque participant un robot d’indexation en puissance, qui peut parcourir le web et partager ses trouvailles via une banque de données qui indexe ce qu’on lui envoie.
Dès lors, ce sont les utilisateurs qui construisent l’index de YaCy, à travers un programme à installer sur l’ordinateur. L’avantage, c’est qu’une approche de ce type minimise clairement une censure des résultats, aucun nœud du réseau n’ayant plus de poids qu’un autre. Mais le souci, c’est que YaCy doit compter sur ses utilisateurs pour parcourir le web et donc être pertinent. Or, c’est un moteur encore très confidentiel.
Une fois le logiciel adéquat installé, YaCy s’insère dans la barre des tâches et ouvre un onglet dans le navigateur (ou une nouvelle fenêtre). L’interface est sobre, avec quelques réglages accessibles dès la page d’accueil, comme la recherche par texte ou par image. Des paramètres plus pointus sont aussi de la partie.
En terme de recherche, un temps d’attente peut être constaté au moment de l’envoi de la requête, le temps de se connecter aux autres membres du réseau YaCy. Des suggestions de recherche peuvent être proposées au moment de taper la requête et des options de tri sont disponibles dans une colonne placée à gauche. Un mode « furtif » est aussi proposé, afin de ne compter que sur son propre index de sites et pas sur ceux des autres.
La page de résultat se décompose en deux grandes parties. À gauche figurent les différents outils de tri pour affiner sa recherche (par provenance, type de fichier, langue, auteur). À droite se trouve l’encadré affichant les résultats. Du fait de sa relative confidentialité, YaCy ne propose pas des millions de propositions à chaque recherche. Les résultats se comptent plutôt en dizaines ou en centaines, rarement plus.
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