Le web est-il condamné à disparaître ? Il y a deux ans, Wired avait lancé un pavé dans la mare en annonçant la mort du fameux World Wide Web inventé dans les locaux du CERN. Selon le magazine américain, la toile est en perte de vitesse depuis l’émergence – et le succès – des applications mobiles sur les smartphones, des services présentés comme étant plus « élégants » et plus « simples » que le WWW.
À l’époque, la thèse de Wired s’est appuyée sur la popularité des applications mobiles. Sur n’importe quelle plate-forme actuelle (Android, iOS…), les utilisateurs privilégient le téléchargement d’applications pour accéder à divers services en ligne. Réseaux sociaux, sites d’actualité, jeux, musique, vidéo… les applications mobiles prolifèrent, même s’il des versions mobiles des services web existent parfois.
« Le web n’est après tout qu’une des applications qui existent sur Internet, utilisant les protocoles IP et TCP pour déplacer des paquets » écrivait alors Wired. « Aujourd’hui, le contenu que vous voyez dans votre navigateur – essentiellement des données HTML délivrées via le protocole HTTP sur le port 80 – compte pour moins d’un quart du trafic sur Internet… et ça baisse« .
« Les applications qui comptent davantage dans le trafic Internet incluent les transferts de fichiers P2P, la messagerie électronique, les VPN, les communications entre API, les appels Skype, World of Warcraft et les autres jeux en ligne, le Xbox Live, iTunes, la voix sur IP, iChat et la diffusion en streaming de films depuis Netflix. La plupart des nouvelles applications du net sont des réseaux fermés, souvent propriétaires« .
Tim Berners-Lee mise sur les open web apps
Cette tendance, Tim Berners-Lee la déplore. Lors de la conférence mondiale du web à Lyon, l’un des inventeurs du WWW s’en est pris au monde cloisonné des applications mobiles, puisque celles-ci ne peuvent fonctionner que sur une plate-forme bien précise. Une application pour iOS ne fonctionnera pas sous Android, tandis qu’un programme destiné à BlackBerryOS sera inutile pour Windows Phone.
Pour Tim Berners-Lee, désormais président du W3C, tout n’est pour autant perdu. Si l’Internet mobile est aujourd’hui dominé par les applications fermées, l’apparition des webapps pourrait changer la donne pour peu que les développeurs s’investissent et militent en ce sens. Grâce à l’emploi du HTML5, dont le développement se poursuit toujours en 2012, l’Internet mobile peut se décloisonner.
« Vous devez aider à la construction d’un monde ouvert pour les applications mobiles. Si quelqu’un vous demande de développer une appli mobile, dites-lui qu’une application web ouverte peut être tout aussi bonne, tout aussi sexy. Si vous utilisez HTML5, vous n’avez pas besoin de réécrire une application pour chaque système » a-t-il déclaré, dans des propos rapportés par Le Point.
Dans son combat, Tim Berners-Lee pourra au moins compter sur le soutien de la fondation Mozilla. Avec son OS mobile, Boot to Gecko, elle prévoit d’intégrer une boutique d’application mobiles ouvertes (open web apps) afin de libérer les utilisateurs du carcan imposé par Apple, Google et n’importe quel autre géant à la tête d’une boutique d’applications fermées.
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