Contrairement à 2007, où elles avaient imposé une exclusivité totale, TF1 et France Télévisions avaient autorisé mercredi les radios et chaînes de télévision concurrentes à diffuser elles-aussi le débat présidentiel qu’elles co-organisaient. Mais l’autorisation ne valait pas pour la diffusion du débat sur Internet, comme l’ont appris à leurs dépens plusieurs médias, parfois pendant la diffusion-même du débat.

« Pour des raisons de droits, nous sommes contraints de stopper la diffusion du débat en vidéo« . C’est le message que des milliers d’internautes ont vu soudainement apparaître mercredi soir entre deux phrases de François Hollande et Nicolas Sarkozy, alors qu’ils regardaient le débat présidentiel sur la chaîne Dailymotion du site d’Europe 1.

La chaîne d’information France 24, elle aussi, a dû interrompre la diffusion du débat en cours de route. D’autres médias comme BFM TV avaient semble-t-il pris les devant, et choisi de ne pas diffuser le débat du tout… sur Internet. Seul le streaming était coupé, tandis que la diffusion du débat sur BFM TV restait assurée sur la TNT et ses autres moyens de diffusion.

Selon nos informations, c’est France Télévisions, qui co-produisait le débat de l’entre-deux tours avec TF1, qui a envoyé mercredi soir ses cerbères mordre les mollets des concurrents qui avaient osé reprendre en direct les images de l’émission sur leur site internet. « Contrefaçon », « violation de l’exclusivité », « CSA »… les mots et les menaces ont volé, provoquant des réunions au sommet pour savoir comment réagir.

Car si elle paraît justifiée dans des circonstances ordinaires au regard des droits d’exclusivité confiés aux diffuseurs, la colère froide et menaçante de la télévision publique a stupéfait les confrères concernés. Légitimement, ils avaient cru comprendre que contrairement à 2007, la diffusion du débat était cette fois libre pour quiconque souhaitait en assurer la retransmission.

En effet, TF1 et France Télévisions avaient envoyé aux rédactions un communiqué commun pour annoncer l’organisation du débat, dans lequel ils précisaient que « le signal de ce débat sera mis gracieusement à la disposition des chaînes d’information en continu et des radios qui en feront la demande et qui souhaitent le diffuser simultanément« .

C’est ainsi qu’Europe 1 avait contacté France Télévisions et obtenu la réception du signal satellite, qui lui permettait de reprendre les images avant l’incrustation des logos de TF1 ou France 2. Europe 1 étant d’abord une radio, France TV semblait ainsi lui confirmer implicitement le droit de diffuser ces images sur Internet. Mais non.

Malgré le caractère d’intérêt public manifeste de l’émission, France Télévisions et TF1 ont choisi de se garder l’exclusivité de la diffusion du débat en streaming sur leurs sites internet respectifs, au point d’obliger les chaînes qui « simulcastent » leurs programmes sur la TNT et sur Internet à arrêter la diffusion sur Internet le temps du débat :

De son côté, Europe 1 avait inauguré avec le débat présidentiel un nouveau service, qui enrichissait la vidéo diffusée sur Dailymotion d’une sélection de tweets réalisée par un journaliste de la rédaction. L’objectif était ainsi de faire sentir l’ambiance autour du débat chez les internautes-spectateurs, et de réaliser du « fact-checking » en direct, avec l’aide des utilisateurs de Twitter :

Malheureusement, Europe 1 n’a pas pu mettre en œuvre cette innovation bien longtemps, étant contrainte par France 2 de le fermer au bout d’une heure et demi (alors-même que la chaîne n’avait pas mis en place de tels moyens).

Ca n’est toutefois que partie remise pour Europe 1, qui utilisera demain matin ce même service lors de la réception de Nicolas Sarkozy, entre 7h30 et 8h30. Sans que quiconque ne puisse reprendre les images.

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