Agé de 59 ans, Richard Stallman est connu pour être le père du logiciel libre, puisqu’il est à l’origine de la licence GPL et du projet GNU qui donna naissance au système Linux au début des années 1990. Mais il est aussi, et de plus en plus, un défenseur acharné des libertés sur Internet et de la vie privée dans l’univers numérique.
C’est dans ce cadre que le président de la Free Software Foundation (FSF) s’est rendu à Tunis à l’initiative de FHIMT.com (un médié né de la révolution tunisienne), pour rendre une visite à Bull.
L’entreprise française, dont la France possède une part importante du capital, est en effet apparue sur le devant de la scène à l’occasion des révolutions arabes, avec sa filiale Amesys. Il a été découvert que cette dernière commercialisait un système baptisé Eagle, qui permettait à Khadafi d’espionner les dissidents libyens, par un système d’inspection profonde des paquets de communication (DPI). Or selon des données de géolocalisation découverts en Libye, ces systèmes auraient été implantés dans plusieurs pays, dont la Tunisie au temps de Ben Ali.
Rappelons que la responsabilité de l’Etat français a été mise en cause par l’opposition socialiste pour avoir permis l’exportation de tels systèmes de surveillance vers des dictatures, mais que le gouvernement a nié toute responsabilité. L’alternance provoquée par l’élection de François Hollande ne devrait pas permettre de faire le jour sur cette affaire, raison d’Etat oblige. Les députés socialistes, qui se savaient minoritaires, avaient demandé l’ouverture d’une commission d’enquête qui a été rejetée. Les sénateurs socialistes, qui eux sont majoritaires et pouvaient donc la provoquer, n’ont jamais présenté de demande d’ouverture d’une enquête parlementaire.
Lors de sa visite à Bull, sous un ton humoristique sur la forme mais sérieux sur le fond, Richard Stallman vient procéder à un « exorcisme au nom de l’église Emacs », perpétré par « Saint iGNUcius » en personne. Il rencontre alors Imed Chihi, le directeur technique de Bull en Tunisie, qui affirme ne pas être au courant des activités d’Amesys sur le territoire tunisien, et ne pas être autorisé à parler de ces sujets.
« Nous pourrons vous montrer ce que vous devez savoir« , conclut Richard Stallman.
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