Si au moins 50 candidats sur les 102 présentés obtiennent 1 % des voix à l’élection législative, ce qui n’est pas irréaliste au regard du précédent scrutin, le Parti Pirate pourra recevoir d’importantes subventions publiques qui pourraient l’aider à s’affirmer enfin dans le paysage politique français. Numerama a sorti la calculatrice.

Ca y est, la machine est en marche. Avec du retard sur ses homologues suédois et allemand, qui se sont déjà imposés comme des forces politiques importantes dans leur pays, le Parti Pirate français montre enfin des signes encourageants pour son développement. Et il peut commencer à envisager son avenir avec plus d’ambition.

Alors qu’un sondage récent montrait qu’il avait encore beaucoup à faire pour se faire connaître en France, le Parti Pirate a étonné tous les observateurs en étant capable de présenter plus de 100 candidats aux élections législatives de juin 2012. Mieux organisé, déterminé et poussé par des militants régionaux très motivés, le PP a fait preuve d’un sérieux et d’une maturité que l’on n’aurait pas soupçonné il y a encore quelques mois. Il sait être présent sur les sujets essentiels qui touchent à ses valeurs, comme lorsqu’il désigne des délégués pour contrôler (ou plutôt démontrer qu’il est impossible de contrôler) le vote par internet des électeurs établis à l’étranger. Nombre de candidats ne font pas simplement acte de présence, mais font véritablement campagne.

Et le résultat s’en ressent déjà sur les adhésions au Parti Pirate. Selon les derniers chiffres communiqués à Numerama, le PP compte désormais environ 550 membres à jour de leur cotisation, ce qui a quasiment triplé depuis le mois d’avril. C’est certes encore très loin d’atteindre les mêmes proportions, mais il faut se souvenir que la victoire électorale du Parti Pirate suédois aux législatives européennes de 2009 avait été précédée quelques mois plus tôt d’une envolée du nombre des adhésions. La mobilisation de la base est un préalable nécessaire à toute victoire politique.

Pour le Parti Pirate cependant, l’enjeu des législatives de 2012 n’est pas de remporter un siège à l’Assemblée Nationale. Il n’est même pas de figurer dans un second tour. Un tel objectif est inatteignable, et la direction du Parti le sait parfaitement. L’enjeu du scrutin est beaucoup plus pragmatique ; il est financier.

En présentant 102 candidats, le Parti Pirate se donne les chances d’accéder au financement public des partis politiques. En effet, la loi du 11 mars 1988 sur la transparence financière de la vie politique prévoit que les Partis peuvent accéder aux subventions publiques dès lors qu’au moins 50 de leurs candidats ont obtenu au moins 1 % des voix à l’élection législative. Dès lors, si un candidat sur deux présenté par le Parti Pirate réussit à franchir la barre de 1 % des voix, le Parti Pirate recevra 1,63 euro par suffrage exprimé en sa faveur.

En moyenne, chaque circonscription est composée de 76 800 électeurs inscrits. En 2007, le taux d’abstention aux Législatives avait été de 40 %. Par ailleurs, il y avait eu 2 % de bulletins blancs ou nuls, qui ne comptent pas dans le calcul des suffrages exprimés. Sur cette base, il y aura environ 44 500 voix exprimées par circonscription lors des législatives de 2012.

Si l’on prend une moyenne de 1 % des suffrages exprimés sur les 102 circonscriptions où il est présent, le Parti Pirate recueillerait environ 45 000 voix. Ce qui lui donnerait droit à une subvention de 74 000 euros par an, ou 370 000 euros sur 5 ans. Un scénario qui ne relève pas de la fiction ; en 2007, le président du Parti Pirate Maxime Rouquet (qui était alors le seul à se présenter) avait obtenu 2,06 % des voix à Rambouillet. Suite à l’invalidation de l’élection par le Conseil constitutionnel, dans un contexte très particulier qui ne laissait guère place à une vraie campagne électorale, son score en 2010 avait chuté à 0,66 % des voix.

Sachant qu’en 2011 le Parti Pirate n’a encaissé que 3173 euros de recette, c’est une toute autre dimension auquel accéderait le jeune mouvement politique si ses candidats obtenaient la moyenne de 1 % des voix, au moins pour 50 d’entre eux. Le pécule lui permettrait d’envisager plus sérieusement des chances de victoire aux élections locales intermédiaires ou aux législatives européennes, avec un budget de communication beaucoup plus important.

Actuellement, les candidats du Parti Pirate limitent au maximum les frais. Ceux qui prennent le risque d’une campagne plus coûteuse pourront se faire rembourser leurs dépenses électorales s’ils obtiennent au moins 5 % des voix.

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