« Je me nomme Princess Lizy Komo. Je voudrais vous solliciter pour une aide dans le cadre de la transaction financière que j’ai hérité de mes défunt parents. La somme est de US$ 10.500 000 (Dix million cinq cent mille dollars américain ) et cet argent est dans un compte bloqué ici dans une banque. Pour transférer cet argent, j’ai besoin de votre aide, car je voudrais que vous recevez les fonds dans votre compte et ensuite vous allez m’aider à venir dans votre pays où je compte investir. Je vous donnerai 15% de la totalité de l’argent pour compenser toutes vos dépenses que vous allez effectué dans le cadre de ce transfert et de votre soutient à ma personne« .
Qui n’a encore jamais reçu un e-mail d’une telle nature ? Evidemment, et chacun le devine, il s’agit d’une des nombreuses arnaques nigérianes. L’escroc qui envoie ces messages veut pousser sa victime à verser une « petite avance » sur un compte bancaire, soit disant pour faciliter les démarches qui permettront au final de toucher une somme rondelette, presque sans rien faire. A chaque fois, l’histoire prend place avec un scénario invraisemblable, qui suscite peu la confiance.
Pourquoi élaborer une arnaque en mettant dans le décor le Nigéria, une famille royale improbable ou des montants extravagants, alors que la seule narration de l’histoire – qui plus est souvent bourrée de fautes d’orthographe – suffit à faire fuir l’énorme majorité des destinataires qui renifle l’escroquerie dès la première ligne ?
Et bien justement, c’est fait pour. C’est la conclusion des travaux d’un chercheur de Microsoft, Corman Herley, qui explique que les scammers ne cherchent pas à être crédibles, au contraire, puisqu’ils cherchent à piéger les plus naïfs d’entre nous. Plus ils écartent rapidement les internautes un tant soit peu méfiants, moins ils gaspillent de temps et d’argent à répondre aux éventuelles demandes de précision qui n’aboutiront à rien. C’est une stratégie de maximisation de la productivité.
« Si l’objectif est de maximiser les réponses à la campagne d’e-mails, il apparaît que le fait de mentionner le « Nigéria » (un pays qui est devenu synonyme d’arnaques) est contre-productif. On ne pourrait pas choisir pire endroit pour prétendre en être originaire si le but est d’attirer les imprudents vers une communication par e-mail…« , constate Herley.
Mais « puisque la crédulité est inobservable, la meilleure stratégie est de faire en sorte que ceux qui possèdent cette qualité s’identifient eux-mêmes. Un e-mail avec des histoires de quantités fabuleuses d’argent et de corruption ouest-africaine va paraître bizarre à tout le monde, sauf aux plus crédules. Il sera reconnu et ignoré par quiconque a utilisé Internet depuis assez longtemps pour l’avoir vu plusieurs fois. Il sera compris par quiconque a assez de bon sens pour utiliser un moteur de recherche et suivre les suggestions d’auto-complétion. Il n’y sera pas donné suite par quiconque demande conseil à de la famille ou à des amis raisonnables, ou qui lit les conseils que les banques et les agences de transfert d’argent mettent à sa disposition. Ceux qui restent sont les cibles idéales des arnaqueurs. Ils représentent un minuscule sous-ensemble de la population globale« .
Il ne faut pas prendre les internautes pour des idiots, mais il ne faut pas oublier que certains le sont.
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