Nous avons souvent critiqué la façon dont YouTube sanctionne d'abord et vérifie ensuite, lorsqu'un tiers prétend détenir des droits sur une vidéo qu'il héberge. En voici un nouvel exemple, spectaculaire, qui démontre à quel point d'absurdité en est arrivée la protection automatisée des droits d'auteur sur des plateformes qui font confiance à des logiciels pour déterminer s'il y a contrefaçon.
Dimanche, la NASA a publié sur sa chaîne officielle YouTube une vidéo montrant l'atterrissage de Curiosity sur la planète Mars, tel que vécu par ses équipes. Mais dix minutes plus tard, la vidéo était supprimée par YouTube, au motif que "cette vidéo contient des contenus de Scripps Local News, qui l'a bloquée pour motifs de droits d'auteur".
Le groupe Scripps possède de nombreux quotidiens régionaux et 19 chaînes de télévision aux Etats-Unis. Comme à peu près toutes les télévisions du monde, les siennes ont diffusé des reportages sur l'opération réussie de la NASA, et ont utilisé les images placées dans le domaine public par l'organisation spatiale américaine. Or c'est en voulant protéger sa propriété intellectuelle sur ses reportages que le groupe a, très probablement, défendu par erreur des droits sur un contenu qui ne lui appartenait pas.
La faute au système Content ID vanté par YouTube pour protéger les ayants droit, qui repose sur des algorithmes pour détecter les reproductions de contenus, et sanctionner automatiquement les prétendus contrevenants.
La vidéo a été mise hors ligne plusieurs heures, avant que Scripps ne réagisse pour retirer sa demande auprès de YouTube. "Nous avons fait une erreur. Nous avons réagi aussi vite que possible pour faire que la vidéo soit à nouveau visible", s'excuse le groupe de médias sur le blog Mother Board. "Nous avons ajusté nos méthodes de travail pour remédier à cette situation dans l'avenir", assure-t-il.
Mais ce n'est pas la première fois que Scripps Local News fait retirer une vidéo de la NASA sur YouTube. L'affaire s'est déjà produite en avril dernier ! Et la NASA elle-même explique qu'environ une fois par mois, une vidéo est ainsi soit bloquée, soit détournée à des fins commerciales par des tiers qui demandent à YouTube d'afficher des publicités sur des vidéos qui ne leur appartiennent pas (une méthode que nous avions déjà vue à propos de chants d'oiseaux soit disant protégés par le droit d'auteur).
Peut-être est-il temps de passer aux sanctions ?
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