Heureusement, ils ne sont pas encore entrés dans une bibliothèque pour y mettre le feu sous prétexte qu'elle mettait des livres à disposition gratuitement. Mais dans l'idée, c'est tout comme.
Au début du mois, ce que Cnet.com décrit comme "une bande hystérique d'auteurs" s'est acharnée sur un site qui propose aux internautes de se prêter leurs livres numériques entre eux, en respectant parfaitement les DRM imposés par les éditeurs et par les plateformes Amazon et Barnes & Nobles. Rappelons que depuis fin 2010, ceux qui achètent un livre numérique sur la plateforme Kindle d'Amazon peuvent "prêter" leur exemplaire virtuel pendant une période maximale de 14 jours, à un autre utilisateur du Kindle, à condition que l'éditeur ait accepté le prêt de ses livres. Celui qui prête l'ouvrage perd alors son propre droit de lecture pendant la durée du prêt, qui est unique. Amazon a ainsi essayé de reproduire le plus fidèlement possible les contraintes qui existent depuis des siècles avec le prêt des livres papiers.
Le site LendInk mettait en relation ceux qui souhaitent livre un livre et ceux qui l'ont acheté et acceptent de le prêter. Il formait ainsi une "communauté P2P" parfaitement légale, où chacun achetait et prêtait des livres, comme ça s'est toujours fait. Et précisons, si c'est utile, qu'Amazon paye une redevance chaque fois que le livre est prêté…
Mais ralliés telle une meute de loups enragés, par des chaînes d'e-mails, de tweets et autres appels sur Facebook, les auteurs ont été des centaines à écrire à l'hébergeur du site LendInk pour exiger qu'il ferme. Ce que l'hébergeur s'est cru obligé de respecter, dépassé par le nombre des menaces judiciaires.
Au mieux les auteurs prenaient LendInk pour un site pirate sans foi ni loi, au pire ils comprenaient à quoi servait le site mais estimaient que le prêt gracieux était un acte équivalent au piratage.
10 jours plus tard, LendInk est toujours fermé, semble-t-il parce qu'il aurait aussi été victime d'un hack.
"Malheureusement, les menaces continuent et sont devenues désormais personnelles contre moi et ma famille, et aussi contre mon hébergeur, ou plutôt devrais-je dire, mon ancien hébergeur (…) J'espère que c'est juste des paroles mais dans le monde d'aujourd'hui, je ne peux pas me permettre de négliger ces menaces. Je me demande toujours si ça vaut le coup de remettre le site en ligne", raconte le créateur du site sur Facebook.
Heureusement, il reste des auteurs pour s'énerver contre leurs confrères.
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