Est-il vraiment dans l'intérêt des consommateurs de sauvegarder le modèle de subventionnement des téléphones mobiles, qui permet aux opérateurs de mélanger dans une même offre le forfait de communications mobiles et l'achat du smartphone ? Le gouvernement le croit, et va sécuriser le modèle dans la loi. Pourtant, les comparaisons parlent d'elles-mêmes.

Cela avait déjà été annoncé, c'est désormais confirmé. Le ministre du redressement productif Arnaud Montebourg et sa ministre déléguée chargée de l'économie numérique Fleur Pellerin ont annoncé mardi soir diverses mesures (.pdf) "favorables à l'emploi et à l'investissement dans le secteur des télécoms". En fait, une sorte de plan de sauvegarde des acteurs installés face à la pression exercée par l'arrivée de Free Mobile, clairement mis sous contrôle.

Parmi ces mesures, le gouvernement dit vouloir "définir d’ici janvier 2013, en concertation avec les acteurs de la filière et des associations de consommateurs, d’éventuelles évolutions réglementaires qui permettraient (…) la sécurisation juridique du modèle de subventionnement des terminaux". Visiblement, Bercy craint que Free n'ait juridiquement raison de porter plainte contre SFR, à qui il reproche de proposer "un crédit à la consommation déguisé", par le système des subventions des téléphones mobiles. Et il souhaite sauver ce modèle qui coûte pourtant très cher aux consommateurs.

En effet, les opérateurs mobiles ont pris l'habitude de proposer à leurs clients d'acquérir des téléphones mobiles à un coût très bas, sous la condition de s'engager à souscrire pendant un ou deux ans à des forfaits très coûteux, dont une part sert à rembourser le coût du téléphone, et plus si affinité. Dit autrement, l'abonné emprunte à l'opérateur la somme nécessaire à l'achat du smartphone, et la rembourse avec son forfait. L'opérateur se rémunère ainsi sur les intérêts de l'emprunt déguisé, et trouve en plus l'avantage ultime d'ajouter de la confusion à ses prix, en ne distinguant pas la part du forfait qui concerne les communications, et la part qui concerne le remboursement du téléphone.

Lorsqu'il est arrivé sur le marché, Free a décidé de casser ce modèle. Free Mobile propose un forfait sans mobile, à 19,99 euros par mois, et les clients qui souhaitent avoir un téléphone doivent l'acheter séparément., où ils veulent. Ils peuvent le faire chez Free, qui propose d'acheter les mobiles à prix coûtant, ou avec un crédit à la consommation qui ne cache pas son nom. Le consommateur est ainsi pleinement informé, et peut facilement comparer avec la concurrence, et aller au moins cher, si besoin en achetant le forfait et le mobile chez deux fournisseurs distincts.

Prenons un seul exemple (illustré ci-dessus). Nous pourrions en prendre beaucoup d'autres. Chez Free, le Galaxy S3 à prix coûtant est proposé à 545 euros. Au bout de deux ans, avec le forfait mobile, l'abonné (qui est libre de partir à tout moment) aura payé 1024 euros. Chez Orange, le même Galaxy S3 est affiché à 129 euros. Mais pour en profiter, il faut souscrire à un abonnement de 69 euros par mois, et s'obliger à payer ce forfait pendant 2 ans. Au final, l'abonné aura payé 1785 euros. Il est aussi possible de prendre un forfait moins cher, à 49,90 euros par mois. Dans ce cas, le téléphone coûte 229,90 euros à l'achat, et au final l'abonné paiera 1426 euros.

Est-il vraiment utile de sauvegarder ce modèle ?

Source : Numerama

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