C'est un rapport récent de la Commission Fédérale du Commerce (FTC), aux Etats-Unis, qui a mis en lumière l'importance du phénomène. Sur la plateforme Android de Google, de très nombreuses applications destinées aux enfants ont un respect très relatif de la vie privée de leurs utilisateurs. En se basant sur le mot clé "kids", la FTC a extrait un ensemble de 480 applications Android pour enfants, en s'intéressant aux autorisations qu'il fallait accorder pour les installer.
Sur Google Play, le service officiel de distribution d'applications Android, la firme affiche en effet un onglet "autorisations" pour chaque application, qui détaille les droits que l'utilisateur accorde à l'application. C'est un effort de transparence apparente de la part de Google, mais dans les faits rares sont ceux qui prennent véritablement la peine de lire et de comprendre le contenu de ces autorisations. Or le fait d'installer le logiciel vaut acceptation. Au contraire, sur l'App Store d'Apple, aucune information n'est affichée sur les autorisations à donner, ce qui est moins transparent. Mais les pratiques les plus intrusives (géolocalisation, utilisation de la caméra, accès au carnet d'adresses…) doivent faire l'objet d'autorisations explicites par pop-up au sein même des applications, ce qui est très certainement préférable.
Or selon IP Lasso, qui a estimé "de façon conservatrice" la popularité des applications concernées, plus de 83 millions d'enfants ou de parents auraient installé des applications autorisées à lire le numéro de téléphone du mobile, son numéro de série, ou son état. Plus de 13 millions ont installé une application autorisée à accéder à la caméra sans intervention, et plus de 11 millions ont installé une application qui géolocalise l'utilisateur.
Le rapport de la FTC (.pdf), qui avait conduit la même étude l'an dernier, montre que la proportion des application indiscrètes s'accroît à grande vitesse. Elles sont désormais 10 % à demander les coordonnées GPS contre 6 % en 2011, ou 30 % à pouvoir accéder à l'identité du téléphone contre 19,5%.
Si l'on essaye avec le mot clé français "enfants", les résultats renvoyés par Google Play ont effectivement de quoi faire peur. Le deuxième résultat, "Peinture aux doigts pour enfants", un jeu qui permet juste à l'enfant de colorier des dessins, demande par exemple à avoir accès à l'identité du téléphone, ou à pouvoir modifier le contenu de la carte SD."Mode enfant", qui crée un environnement verrouillé pour laisser l'enfant utiliser une tablette ou un smartphone Android, demande à pouvoir "utiliser l'appareil photo à tout moment sans votre consentement", à "récupérer les applications en cours d'exécution", à "obtenir la liste des comptes" de l'appareil, ou encore à "mettre fin aux processus d'autres applications exécutés en arrière-plan".
Il y a très certainement des explications parfaitement rationnelles pour toutes ces autorisations, le problème étant que Google les affiche de façon générique dans différentes catégories de droits, sans que les besoins réels de l'application au sein de ces catégories soient détaillés par l'éditeur. Mais l'étude de la FTC pose tout de même question, notamment sur la nécessité ou non de réguler plus strictement l'installation d'applications destinées aux enfants.
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