Dans une publicité qui fait scandale, BForBank explique sans le regretter que « l’argent décide de tout », et qu’il faut donc mieux définir qui décide « pour votre argent ». Une illustration incroyablement crue de la dérive d’une société où l’on dresse l’inégalité au rang de normalité.

Sur Numerama, nous avons toujours défendu la culture libre, et même d’un certain de point de vue le piratage que l’on aimerait voir légalisé et encadré par un système de rémunération mutualisé. Parce qu’il s’agit d’abord, comme nous l’avions notamment expliqué dans une réaction aux propos de Frédéric Mitterrand comparant le piratage à l’écologie, d’une question hautement politique qui devrait diviser la gauche et la droite (ce qui n’est pas du tout le cas en pratique).

Lorsque l’on défend l’idée que rien ne devrait être copié sans rémunérer l’auteur par un acte de paiement, on défend l’idée que les riches et les pauvres n’ont pas le même droit d’accès et de partage de la culture. Certes, nous rétorque-t-on sans cesse, les médiathèques existent qui permettent aux moins fortunés d’accéder aux oeuvres gratuitement ou presque ; mais est-ce la réponse la plus moderne et progressiste dans une société où toute la culture du monde est à portée de clics, instantanément ?

Nous l’avions dit, il y a une part de retour du communisme dans le P2P et le DIY (« Do It YourSelf »), qui s’affronte au capitalisme le plus dur incarné par les solutions contrôlées par quelques entreprises privées, comme Spotify, Deezer ou NetFlix. La licence globale, qui avait été défendue en son temps par des députés qui semblent aujourd’hui y renoncer, n’était pas une réponse économique à un problème économique. C’était une réponse politique à un problème politique. Or le débat n’est jamais (ou trop rarement) placé sur ce terrain-là, qui est l’essentiel.

Ce débat est d’autant plus essentiel dans une société où l’on croit à ce point à la suprématie de l’argent et où l’on trouve à ce point normales les inégalités sociales, qu’une société commerciale n’a plus aucune honte à diffuser une publicité (censée être positive, donc) telle que celle-ci, où l’on explique que « l’argent décide de tout ». Ce qui est choquant parce qu’en grande partie vrai, mais qui est ici diffusé comme un simple constat de normalité :

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(illustration : Jebulon, WikiCommons, CC by-sa)


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