Ce mercredi matin, nous nous faisions l'écho des explications très contestables de Xavier Niel, qui affirmait que YouTube est lent chez Free pour le bien des internautes. L'homme d'affaires prétend en effet que si l'opérateur investit lui-même pour améliorer sa connectivité avec les infrastructures de Google, à terme "les abonnements vont grimper de 5 à 15 euros par mois". C'est-à-dire qu'au total, le coût d'une bonne connexion à YouTube et aux autres services de Google coûterait au FAI entre 320 et 950 millions d'euros supplémentaires par an. Un chiffre qui nous a semblé particulièrement surestimé.
Un rapport de l'Arcep (.pdf) publié en septembre 2012 permet effectivement de mettre en doute l'affirmation de Xavier Niel. L'autorité de régulation des communications et des postes avait en effet calculé qu'un abonné à internet d'un FAI alternatif (autre que France Télécom) coûtait en moyenne 13 euros par mois de frais réseaux en ADSL, dont 90 % sont dus aux frais d'accès, c'est-à-dire essentiellement les frais liés aux DSLAM. "Ces coûts n'augmentent quasiment pas avec le trafic", précisait l'autorité.
Puis, environ 2 euros par mois sont imputables aux coûts de collecte et de transport des données, avec une variation forte liée à la consommation de chaque abonné et au type de technologie déployée. Plus l'abonné consomme de données, plus il coûte. Mais l'impact reste limité. L'Arcep calcule ainsi qu'une "consommation multipliée par trois pourrait induire une augmentation de 6 à 12% des coûts réseaux de fourniture de l’accès à l’internet".
Mais "les coûts supportés par un FAI pour assurer sa connectivité mondiale sont très réduits, de l’ordre de la dizaine de centimes d’euros par abonné fixe et par mois", assurait aussi l'Arcep. "Ils sont généralement proportionnels au trafic, mais pèsent peu dans le coût total. Ces coûts, qui correspondent majoritairement à des coûts de transit, sont par ailleurs peu susceptibles d’augmenter significativement car, jusqu’ici, la croissance du trafic échangé entre opérateurs s’est accompagnée d’une baisse du prix du transit". Or c'est bien cette connectivité, au final très peu coûteuse, que Free refuse désormais d'étendre, créant les goulots d'étranglement qui interdisent en pratique l'accès normal à YouTube pour de nombreux abonnés de l'opérateur.
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